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Elline

Les Amants du Presbytère


En 1849, en France, dans le village de Saint-Germain-de-Montbron, un fait divers va secouer la région d’Angoulême pendant plusieurs mois. La femme d’un médecin de campagne et le prêtre de la paroisse sont accusés non seulement d’adultère, mais également de meurtre ! C’est avec ce fait divers que Marie-Bernadette Dupuy décide de créer sa fiction.

Mathilde de Salignac, une belle jeune femme, épouse du médecin, s’ennuie dans sa petite bourgade, et n’a plus guère de source de distraction depuis le départ du père Bisette. Elle aime plaire, sans pour autant succomber aux passions amoureuses. Le nouveau curé Roland, lui, n’hésite pas à céder à ses pulsions.

Et tous les deux vont se lancer dans une passion torride, mais les rumeurs commencent à se faire sentir. L’idée d’engager une servante pour le presbytère fera taire les rumeurs. Ils n’avaient pas prévu que la servante curieuse, dévote, empotée découvrirais leur honteux secret, il va falloir se salir les mains pour sauver sa réputation. Mais le plan des amoureux ne tournera pas en leur faveur….

J’ai été très contente que les éditions Calman Levy me fasse confiance et m’envoie ce livre. J’avais vraiment hâte de lire une fiction historico-amoureuse, et je n’ai pas été déçu de ma lecture. De la passion sans rentrer dans le gnan-gnan, du suspens, une immersion dans nos campagnes françaises, et de légères précisions, recherches historiques qui nous montre l’implication de l’auteur dans l’écriture de son récit (j’aime la précision historique).

Adultère dans la campagne d'Angoulême du XIXème siècle

Nous suivons donc l’histoire de trois personnes en particulier, Mathilde de Salignac femme du médecin de village, Roland Charvaz le nouveau prêtre de la paroisse et d’Annie Meunier, la nouvelle bonne du curée (non ce n’est pas une blague ou une vieille chanson :p). Mathilde s’ennuie dans sa petite bourgade de Saint-Germain, les distractions et les amis sont si peu nombreux. Coquête et séductrice, elle n’a jamais trompé son mari, qu’elle aime et respecte.

Mais l’arrivé d’un prédateur plus rusé qu’elle va tout faire basculer. Roland Charvaz, un curé de Savoie, espère bien ne pas se faire remarquer dans sa nouvelle paroisse, habituée à regarder les jolies femmes voir plus. Et cette charmante Mathilde si aguicheuse, il ne va pas tarder à lui montrer qu’ils peuvent aller plus loin. Une passion torride va naître, mais nos amoureux ne sont pas discrets, ils se disent qu’embaucher une bonne, qui serait toujours présente au presbytère, éviterait les soupçons.

C’est comme ça qu’Annie Meunier fait son apparition. Cette vieille veuve espère trouver dans un travail de domestique pour un curé, à la fois un emploi respectable et plus calme, moins fatiguant que le travail à la ville. Mais quel accueil, quelle froideur, quel homme désagréable, toujours en train d’écrire ou de rôder pas très loin de cette coquette et intrigante femme mariée. Annie trouve rapidement la situation étrange et cherche à découvrir les secrets de ces deux personnes, mais elle ne s’attendait pas à découvrir un adultère aussi honteux.

Bien mal lui a pris de vouloir bien agir. Ne suivant que son bon sens et sa morale chrétienne, elle met le prêtre en garde sur ses agissements. En essayant de sauver le prêtre déchu, elle va réveiller le démon.

Mathilde la douce coquette, Roland la bête assoiffée, Annie la vieille fouine

Je ne suis pas d’accord avec le résumé où l’on décrit Mathilde comme frivole. Contrairement à ce que l’on peut penser au départ, le personnage de Mathilde est plutôt romantique. C’est une femme coquette, qui manque de distraction, d’amie, de personne à rencontrer. Ce n’est pas une croqueuse d’homme, c’est une femme qui aime séduire, sans succomber à la tentation, pour elle tout cela n’est qu’une distraction… Enfin, au départ. A travers Mathilde, on voit bien la femme du XIX, matérialiste, marié par situation, par raison et non par amour (elle n’a pas lu Jane Austen ). D’où son ennui dans sa vie trop calme, elle aurait vécu en ville avec son mari, cela ne serait sans doute pas arrivé, tant les distractions sont plus nombreuses.

Le père Roland Charvaz, lui est un véritable prédateur, ce n’est pas un maniaque sexuel, mais plus une sorte de pervers. Qui s’est fait refouler de plusieurs paroisses pour comportement licencieux. Dès son arrivé, il scrute les femmes et cherche des yeux, celle qu’il pourra séduire. Il faut dire à sa décharge, qu’il n’a pas choisi sa vocation, d’où une certaine frustration. Petit rappel historique pour vous (j’adore faire ça), dans les familles modestes, l’ainé héritait des biens principaux des parents (commerces, terres, etc…), la plupart du temps, les fils cadets se doivent de « créer » leur fortune. Si on a de l’argent on peut s’orienter vers des études de magistrat, sinon, ce sont les armes ou la soutane!

Ce personnage m’a horripilé, et tout du long, j’ai eu plus l’impression d’avoir à faire à un homme froid, rustre et manipulateur, qu’à un véritable homme amoureux. Mais en sois cela ne gâche pas l’histoire, au contraire, sa personnalité controverse, contraste avec les autres personnages plus «vertueux» (médecin, professeur, le sacristain, etc.). Son côté pervers, froid, manipulateur se voit encore plus quand l’irréparable est commis. Dans la pratique de la trahison Roland reste froid, impassible alors que Mathilde comprend que leur passion a été trop loin, qu’elle n’en était peut-être pas une et n’exigeait pas ce sacrifice.

Mathilde a comme défaut l’envie, Roland la luxure, pour Annie son défaut est d’avoir été fourrer son nez ou il ne fallait pas. En effet elle va rapidement découvrir le secret des amants. Au lieu de le cacher et de s’en aller auprès de ces enfants, sa morale chrétienne prend le dessus, et elle n’admet pas que le père Roland s’écarte autant du chemin sacré qu’il a choisi d’emprunter. Par contre, la description de la bonne est très comique, pathétique. Elle est lente, empotée, fouineuse, un peu voleuse, forte, vieille. Le personnage ne nous apparaît vraiment pas comme quelqu’un auquel on va s’attacher, ou qui nous paraît sympathique. Il n’y a qu’à sa mort que l’on a de la sympathie pour cette vieille femme qui voulait seulement revoir ces enfants.

Histoire vraie, mais une histoire manquant de pep's

L’auteur à un bon style, elle nous attrape rapidement dans les filets de son histoire, cependant l’action met du temps à s’installer, on sent le rythme lent et prévisible dans l’action qui se déroule. Personnellement le ton de la narration fait que je ne me suis pas du tout attaché aux personnages, en plus on attend trop que la situation leur échappe, car on sent bien qu’ils sont trop imprudents et que la bonne se doute de quelque chose. Et pourtant, le suspense est néanmoins savamment dosé et nous amène sur différent rebondissement qui rythme le récit et nous donne envie de savoir la suite. Il y n’y a pas d’action, mais une forte tension qui s’accroît tout au long du roman.

Petit à petit, au fur et à mesure que l’histoire et l’intrigue se construisent autour des personnages, les désirs et émotions des personnages se développent de plus en plus. On ne s'attache pas forcément, mais on est pris dans l'histoire. Annie se sent de plus en plus exploité, maltraité, au service d’un patron méchant et corrompu. Roland quant à lui est de plus en plus partagé entre sa passion torride pour Mathilde et son aversion croissante pour sa bonne, Annie. Mathilde, elle, est en proie à un amour qui la consume et sa vie d’épouse monotone et qui ne la satisfait pas assez. Il faut rentrer plus dans le roman pour découvrir la véritable personnalité des personnages, et enfin s’intéresser à eux.

Ce que j’aime c’est le travail de l’auteur dans la recherche, les précisions historiques, dans les descriptions l’auteur met en avant des spécificités du terroir (les paysages, les constructions, la nourriture, etc.). Et sincèrement ce n’est pas toujours que l’on a affaire à des auteurs aussi consciencieux, et précis dans les recherches historiques. Et qui de plus savent les adapter dans un récit de fiction. Par contre les différentes parties du roman, la rencontre, la passion amoureuse, la trahison, l’enquête, malgré des pointes de suspens en plus j’ai trouvé qu’il y a une lenteur générale dans le récit. L’enquête policière n’y échappe pas, et vu la place que cela prend dans le roman, j’aurais aimé un ton donnant plus de suspens, de rythme au récit.

+

histoire vraie

recherches historiques

-

récit lent

personnages mettent du temps à se révéler

Les Amants du Presbytère, édition Calman Levy, Marie-Bernadette Dupuy, 2017

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