Deux soldats de garnison transportent un nourrisson en pleine nuit dans les bois de Sherwood. L’un semble de bonne famille, l’autre pas méchant, mais, qui visiblement n’aime pas avoir des soucis et souhaite s'en débarrasser au plutôt.
Même en choisissant des méthodes douteuses...
Ces deux énergumènes sont accompagnés d’un nourrisson dont ils souhaitent confier la garde à un forestier nommé Gilbert.
Les deux hommes vont s’enfuir dans la nuit, laissant l’enfant aux soins du garde forestier et de sa femme, un petit-enfant du nom de Robin Head qui deviendra plus tard le célèbre Robin Hood...
Robin des Bois, version Walt Disney
C'est avec un immense plaisir que j'ai lu les aventures du jeune Robin, du haut de ces quinze années, il va sauver, avec son adresse légendaire, de jeunes gens aux prises avec un bandit. Il fera donc la connaissance de la belle Marianne et de son frère Allan Clare. Ensemble, ils vont planifier, avec l'aide de complices (les futurs Merry Men's - Les Joyeux Compagnons), l'enlèvement de la fille du baron Fitz-Awine, le shériff de Nottingham, qui refuse de laisser Allan et Lady Christabel se marier, mais tout ne se passera pas comme il l'avait prévu...
Entre la découverte de ses origines, les amours naissants et les premières douleurs qu'infligent la vie, j'ai suivi avec délectation ce jeune adolescent dans ses premières aventures qui forgent sa légende.
Une traduction élégamment présentée
Ce roman n'est que le premier d'une série de deux tomes, le deuxième ayant pour nom "Robin des Bois le Proscrit", qui ont tous les deux été publiés après le décès d'Alexandre Dumas.
Une petite chose intéressante, c'est que ces livres ne sont pas de la plume d'Alexandre Dumas, mais d'un auteur britannique, Pierce Egan.
Ce dernier, dans son titre, mettait aussi bien en avant Robin que Petit-Jean, un détail qui a son importance puisque au cours de ma lecture, je me suis rendu compte que l'auteur a donné beaucoup d'importance dans les chapitres au personnage de Petit-Jean.
Pour la petite anecdote, il se pourrait même que la traduction n'ait de Dumas que le nom, et qu'en secret une petite main blanche appartenant à sa proche compagne, Marie de Ferrand, écrivait la besogne de l'écrivain...
La naissance d'un hors-la-loi légendaire
La légende du célèbre archer existe depuis bien longtemps. Elle est née en 1228 ou un certain Robinhood/ Robehod fut mis en prison à plusieurs reprises. Petit à petit, les histoires d'un hors-la-loi braconnant dans les forêts est conté par les troubadours. La véritable histoire se construit au XVème siècle à travers des poèmes, des histoires qui ne présentent pas Robin sous un bon jour, tantôt ami fidèle et loyal, tantôt bandit, assassin ou "fieffé filou". A l'époque, le personnage n'est pas aussi vertueux que "notre robin" actuel... (ça colle à l'époque :) )
Ce n'est qu'après que des versions plus fidèles à nos souvenirs vont être écrites et que Robin devient enfin le célèbre gentleman que l'on connaît, et va même avoir un titre de noblesse: comte de Loxley ou comte de Huntingdon... "J'ai une préférence pour comte de Loxley, c'est aussi parce que j'aime beaucoup la version cinématographique avec Kévin Cosner, "Robin Prince des Voleurs" .
L'histoire n'est jamais précisément fixe dans le temps, ce n'est que vers le XVIème siècle que l'époque des croisades de Richard Coeur de Lion s'établit définitivement
En France, c'est Adam de la Halle (le coq dans le dessin animé de Walt Disney) qui va nous conter, dans les premiers, les histoires de Robin et d'une certaine Marion en 1283, peut être Marianne?? Mais c'est incontestablement Walter Scott et son roman Ivanohé (1819) qui va vraiment populariser le personnage.
Ce que je ne savais pas, c'est que Robin incarne la partie saxonne de l'Angleterre, qui souhaite reprendre ses droits et qui détrousse l'argent des riches propriétaires normands qui ont envahi le pays depuis Guillaume le Conquérant.
Bien évidemment comme toute légende il y a des incohérences dans les histoires, Robin est un brigand des forêts ou un petit noble dépossédé avec des terres et un château, on ne sait pas. Il y a également des doutes sur le lieu de villégiature de Robin entre le comté de Nottingham et le comté de York. Les incohérences sont aussi dans les personnages, Marianne jeune fille douce, guerrière impitoyable ou un personnage inventé, Petit Jean joyeux bûcheron ou fier garde-chasse royal, et même Robin toujours à mi-chemin entre le bandit et le justicier.
Une épopée à la narration simple, mais efficace et parfois surprenante
Dans tout le roman Dumas utilise des anglicismes, par exemple on ne dit pas le mot hors la loi mais "outlaw", idem avec le mot bébé « baby ». Un choix intéressant de garder le mot en anglais, pour nous c’est assez courant, pour l’époque c’est assez moderne surtout que pendant des années il y a eu pas mal de friction entre l’Angleterre et la France, "un siècle plus tôt les français ont quand même œuvré à la libération des Etats Unis sous le nez des anglais ;)"
La narration a parfois des tournures de phrases plus inhabituelles, mais bon, on ne lit pas non plus des romans d’amour courtois du Moyen-Âge "et si ma mémoire n’est pas en défaut" pour notre époque, je trouve que cela rend l'ambiance poétique.
L’auteur joue sur nos sens, il utilise plusieurs descriptions pour retranscrire au mieux l’ambiance d’un lieu sans pour autant nous assommer de détails très pointilleux et qui plombent la narration. Il y a une certaine légèreté et en même temps, un bon enchaînement des événements, on rentre vite dans le vif du sujet. Malheureusement, les scènes d’action ne sont pas très fortes et trépidantes, ce qui fait défaut au roman. On va plus jouer sur une montée en tension des événements avec l’auteur qui intervient dans le roman en posant des questions sur l’intrigue en cours, tout en mettant en avant aussi les doutes du personnage.
L'auteur nous inclut dans la narration, comme si nous étions nous-même l’auteur ou un personnage. C’est flagrant, surtout quand il commence certains paragraphes en disant « Nous avons laissé… », "personnellement j’ai l’impression de faire une balade en lisant ce roman". J’aime bien les apartés de l’auteur pour nous dire, ''ne vous inquiétez pas je vous dévoilerais cela bientôt'' ou ''ce personnage sait des choses, celui-là est un manipulateur''... Il nous incite à nous intéresser à des personnages secondaires, à prêter attention à ce qu’ils vont faire, il maintient une légère intrigue en nous donnant des indices et parfois en dévoilant des choses pas connues des personnages eux-mêmes.
Une farandole de personnages dans une ambiance chevaleresque
Il n'y a pas de doute, Robin est un personnage important, Dumas consacre un bon paragraphe pour détailler chaque aspect de la physionomie et des vêtements du jeune homme, quitte à donner aux personnages des traits quasi-divins ou d’une très grande beauté, voire une trop grande idéalisation du personnage.
Robin n'a de voleur que le surnom, et dans ce premier tome, le vol n'est pas parmi les défauts ou reproches que l'on peut lui faire. Ce sont ses talents d'archer et sa sagesse naturelle qui vont le placer au-dessus de ses compagnons. Lui comme ses compères nous apparaissent comme des hommes bons, loyaux, près à mourir pour les autres et leur honneur. On est plus face à des personnages chevaleresques que des hors-la-loi roublard, toujours près à embêter le shérif de Notthingam. Ne nous méprenons pas, Robin est un adolescent, il a parfois à un coté roublard, fier et trop sur de lui, qui est mis en avant surtout quand il faut échafauder des plans pour semer le trouble dans le château du terrible Baron Fitz Alwine.
En parlant du Baron ou comte de Notthingham, la description nous montre un personnage très effrayant, vieux chevalier grabataire à mi-chemin entre la folie et la cruauté.
On attend impatiemment l’arrivée des personnages que l’on connaît (Petit-Jean, Marianne, Frère Tuck), sans que l’auteur révèle qui ils sont tout de suite. Car si l’histoire de Robin nous est bien connue, il en était de même à l’époque de Dumas, l’histoire commence avant que la destinée ne se révèle à nos héros. Nous les croisons dans le récit avant leur histoire, aussi dumas introduit les personnages avec un peu de suspens, les décrits sans les nommer tout de suite, on rencontre "une belle encapuchonnée, un fier gaillard en bure à la voix de stantor, un fier garde chasse". On reconnaît les personnages secondaires et on s’intéresse fortement à eux pour savoir si oui ou non, il s’agit des héros de nos histoires : la « belle marianne » ou le célèbre «frère tuck ».
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Suivre l'adolescence de robin, cela nous permet de voir comment Robin est devenu un célèbre hors la loi en guerre contre le shérif de Nottingham
Personnages chevaleresques
Humour dans la narration
Narrateur qui s'exprime à nous et nous inclut dans le déroulement de l'histoire
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Malgré les tentatives de suspense, la narration est lente
Manque d'action au vu des scènes qui s'y déroulent (combat, sauvetage, embuscade, etc)
Certains personnages sont trop effacés et manquent de profondeur, comme Marianne qui est fade, décevante
Robin des Bois le Pince des Voleurs, LEVY, Alexandre Dumas, 1872