Ce cher Mr Poirot est bien occupé, sa matinée va se composer d’un succulent petit déjeuner, préparé par son valet, et de nombreuses réflexions qui pour son grand malheur ne suffisent pas à stimuler ces petites cellules grises ! Mais une étrange jeune femme va perturber son quotidien.
Elle bégaye, semble hésitante, elle est paniquée car elle pense avoir tué quelqu’un ! Une information bien étrange, mais Poirot n’en saura pas plus. Hercule Poirot est un juge sévère de la nature humaine, avec un côté mysogine, il va être déçu que la jeune femme qui vient le visiter ne soit pas assez jolie.
Mais en plus il se vexe quand elle le trouve trop vieux. Poirot ne va pas se laisser abattre pour autant, aidé de son amie Mme Oliver, et est bien déterminé à comprendre pourquoi cette jeune fille a fait irruption chez lui.
A la recherche d’un crime
Les colocataires de Norma ne sont visiblement pas très intéressées par elle et s’en cachent peu, elles dépeignent un tableau peu flatteur de la jeune femme. Frances est très désinvolte et nous paraît comme insensible à ce qui arrive à Norma.
Norma est assez indéchiffrable, elle paraît folle, et en même temps saine d’esprit. On n’arrive pas à se positionner, on la sent manipulée, mais jusqu’à quel point ? C’est un mystère, et ça nous tient accroché au récit, qui est-elle vraiment ?
Certains indices sont distillés, des éléments qui doivent nous poser question, l’auteur insiste sur des détails un portrait, une perruque, une façon de se comporter. Et j’avoue que cela nous donne des pistes, sans que l’on arrive à tout deviner avec exactitude
Poirot sur le banc de touche
Mme Oliver est un personnage que j’aime beaucoup !! Elle est vive d’esprit, haute en couleur, à l’imagination débordante et elle bouscule beaucoup les habitudes et les manières de Mr Poirot. Elle est très exubérante et a une vision bien particulière de la façon dont on mène une enquête. Mais cela nous change du capitaine Hasting, qui parfois s’effaçait face à l’intelligence et l’orgueil de Poirot.
Mme Oliver, elle, est une forte tête et une femme avec qui, Poirot respectueux des anciens usages, s’empresse d’être galant avant tout. En plus elle est intelligente, fine dans ses observations, et elle apporte une réflexion intéressante dans cette énigme et montre, que même Poirot, n’a pas toujours le nez de fin limier qu’il a habituellement.
Son intelligence est même mise en avant d’une façon toute particulière, pendant longtemps certains sujets de conversation (particulièrement les sciences) n’étaient pas considérés comme convenable dans la bouche d’une femme, ou tout simplement elle n’avait pas l’intelligence nécessaire pour suivre ce genre de conversation. Madame Oliver fait une remarque clairvoyante et révélatrice de l’époque, à ce sujet en insinuant qu’elle masquerait ses connaissances sur divers sujets pour recueillir plus d’informations ou de confidences et paraître plus féminine.
Ce n’est assurément pas l’enquête où Hercule Poirot nous surprend le plus. L’auteur malmène son héros et le désacralise. On le sent à côté de la plaque et peu investi dans cette affaire, en tout cas, au départ. Et puis comme à chaque fois il prend un malin plaisir à nous cacher des choses. Cette affaire est liée à l’esprit, alors Poirot prend bien le temps de comprendre comment chacun pense, et l’on voit bien que cette enquête est beaucoup plus cérébrale que d’habitude. Car si d’habitude on cherche le criminel, là il nous faut les preuves qu’un crime a été commis.
Cette enquête ne m’a pas fascinée, et n’est pas la mieux écrite. Mais dans le cadre d’un tour d’horizon de l’univers d’Agatha Christie, pourquoi pas, un 6/10.
La troisième fille, Agatha Christie, Librairie des Champs Elysee, Edition du Masque Hachette, 1966 (ed 2009)
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