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La voleuse de livre



La mort en personne a bien des choses à dire, car elle en a vue beaucoup. Mais toutes ces vies, toutes ces époques ne l’ont pas marqué autant que la jeune Liesel. Par trois fois elle va lui échapper, par trois fois elle va l’intriguer.


Dans l’Allemagne nazie des années 40, nous allons suivre l’histoire de cette jeune fille, des habitants de la rue Himmel, de ces parents d’adoption, ces amis, durant une période, qui, aura définitivement changé leur vie.


Pendant que le monde suit un tournant majeur, la jeune Liesel n’a qu’une obsession, trouver des livres, voir voler des livres…



Un narrateur bien particulier


Au départ la narration est comme à distance de l’histoire et de l’action, les phrases sont courtes et incisives, un peu saccadés parfois. Tant que Liesel est renfermée sur elle-même, la narration suit son schéma de pensée et se met en retrait de l’histoire. Des souvenirs nous sont livrés successivement, de manière éparse, de manière non linéaire mais toujours empreint de beaucoup d’émotion. Dès que Liesel prend confiance en elle, et s’habitue à sa nouvelle vie et ces nouveaux parents, la narration prend un autre tournant. Plus de dialogue, de découverte du paysage et des lieux, et d’apprentissage avec Liesel. Le rythme du récit, qui arrive peu à peu est également construit avec les apartés successifs de la mort permettant d'introduire un nouveau chapitre.


La mort est notre narrateur, un conteur particulier qui s’attarde sur des éléments de la vie avec émerveillement et inquiétude parfois, mais curieusement elle arrive à en voir toutes les nuances et la beauté plus que nous autres. J’apprécie particulièrement sa manière de voir la vie, l’apprécier principalement avec son obsession des couleurs. C’est à travers ses yeux que nous allons suivre l’histoire de la jeune Liesel, une petite fille qui a su attirer son attention, par l’intérêt particulier qu’elle va porter à un objet qui peut paraître anodin, un livre.


Parfois la mort fait des digressions dans l’histoire, évoque des éléments du futur qui vont arriver aux personnages, malgré de légers spoilers, on vit l’histoire différemment et avec plus de proximité.



Liesel et Max, jeunesse dans la tourmente


On découvre cette enfant, dans un moment particulièrement difficile, son frère meurt de froid et sa mère doit l’abandonner à une famille d’accueil les Hubermann. Avec cette famille la jeune Liesel va essayer de poursuivre sa vie. Elle fait face à la mort et l’abandon, elle doit essayer de comprendre, de passer à autre chose, c’est une étape difficile pour une enfant. Ses parents adoptifs vont à leur manière avec patience, petites attentions aider cette petite à aller mieux. Sa mère d’adoption est un sacré personnage, mais parfois sous ces airs tonitruants et bougons se cache une femme tendre et attentionnée.


Ce qui m’a marqué à un moment, c’est les réflexions de Liesel, tellement enfantine et simple, « pourquoi ? ». Pourquoi déteste-t-on les juifs, pourquoi cet homme est un sauveur, pourquoi bruler ces livres ? Les enfants ont toujours ce don si particulier de voir le monde d’une manière terriblement juste et éclairé, d’où l’intérêt d’avoir la jeune Liesel pour héroïne.


Un second personnage qui a attiré mon attention c’est le jeune Max, un jeune juif qui vient se réfugier dans le sous-sol des Hubermans. On suit son quotidien routinier, sa peur d’être trouvé, sa colère envers le régime nazi. Si pour Liesel la lecture, le vol de livre va marquer des moments importants dans son existence à cette époque. Pour Max le livre va être un moyen de s’exprimer et de faire face à ses émotions.



Allemagne sous le joug nationaliste


Si régulièrement les récits, les films nous montre l’image de la France, l’Angleterre, les Etats Unis luttant contre la puissance nazie, l’histoire est cependant faite de contraste. La montée de courant nationaliste a pris une envergure sans précédent, surtout après la première guerre mondiale. Peu importe le pays, cette vague n’épargnait personne, y compris les futurs « sauveurs » contre l’envahisseur Allemand, Japonais ou Autrichien… Je ne vais pas faire un cours d’histoire, nombre d’entre vous avez conscience de cette réalité. Je souhaitais instaurer un contexte pour illustrer ce que l’on peut trouver dans cet ouvrage.


Dans ce roman, l’auteur place son histoire en Allemagne, dans sa période la plus sombre. Si en façade, pendant des années, les dirigeants ont souhaité mettre en avant une Allemagne unie et forte, la réalité est nettement plus nuancée. Bien sûr certains ont adopté la doctrine hitlérienne par conviction, mais combien l’on fait tout simplement par peur ? Par conformisme ? Pour sauver les apparences ? La rue ou vit la jeune Liesel permet de rencontrer cette Allemagne divisée. Frau Diller, gérante d’une boutique et fervente admiratrice du Fuhrer. Hans père adoptif de Liesel en attente de son inscription au parti nazie mais en même temps prêt à risquer sa vie pour aider des juifs. La famille de Rudy, qui se conforme aux nouvelles exigences du gouvernement, inscrit ces enfants aux jeunesses hitlériennes et fait profil bas.


Cette situation tendue, difficile est bien décrite dans ce roman et est dotant plus touchante via les yeux d’une enfant. Je ne savais pas à quoi m’attendre dans cette lecture. Le périple de cette jeunesse dans une Allemagne divisée, c’est impressionnant de voir comme malgré la faim, le doute, la peur. Juste un petit rien peut nous aider, pour Liesel ce fut un livre, pour Max les mots, pour Hans un accordéon… et pour vous ce serait quoi ? Une histoire touchante et pleine d’espoir malgré tout.

La voleuse de livre, Markus Zusak, Pocket, Oh éditions

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