Une petite nouvelle nous emmenant dans une contrée très lointaine, dans le nouveau monde, et plus précisément dans la bourgade de Sleepy Hollow, non loin du grand fleuve Hudson, dans l'actuel état de New York.
Bien que ce monde soit nouveau, car colonisé depuis un peu moins de 200 ans, cette terre n’est pas à l’abri de superstitions et mystère en tous genre, dont les contrées d'Europe sont très friandes.
Et la bourgade de Sleepy Hollow n’est pas en reste de légende et l’on raconte ,dans cette petite bourgade, qu’un soldat hessois aurait perdue la vie durant les combats, mais également sa tête. Et qu'il est possible de l'apercevoir certains soirs, tenant sa tête entre ses mains.
Serait-il toujours en train de hanter les lieux, près à couper des têtes pour récupérer la sienne ?
Les sciences occultes, les légende, cela fascine Ichabod Crane. Mais le jeune instituteur sait-il ce qui l’attend réellement ?
Mon commentaire sera sans doute bref cette fois çi, ce n’est pas que je n’ai pas grand-chose à dire, au contraire, c’est que le « Vallon endormi » est une petite nouvelle, assez courte.
Un auteur avec le soucis du détail
Ce que j’adore par-dessus tout, c’est lire des livres anciens. Et surtout pouvoir lire (voir parfois comprendre) le « phrasé » de nos ancêtres. Attention, ce n’est pas comme si c’était compliqué à lire, c’est juste les tournures de phrases, les expressions qui diffèrent. Et j’éprouve un malin plaisir à lire tout cela.
C’est bien évidemment toujours une marque d’éducation et de raffinement d’écrire comme cela pour les personnes vivant à cette époque. Il faut bien se dire qu'au XIXème siècle l’écriture et la lecture n’étaient pas généralisé. En voici un petit exemple « Je ne garantis pas le fait, mais le relate simplement, afin d’être précis et de faire autorité… ».
L’auteur fait régulièrement des pauses dans son récit, pour expliquer un fait, une anecdote, ou préciser une opinion. J'aime bien cette manière de faire, il est consciencieux et tient à être précis dans sa manière d'écrire, de présenter le récit.
De plus, il nous offre des descriptions très fournies des vallées de Sleepy Hollow. C’est un homme attaché à cet endroit, et qui devait passer beaucoup de temps à observer la nature pour la décrire avec autant de précision, d’amour, voir de poésie.
Mais au bout d’un moment, il passe plus de temps à décrire tout ce qu’il voit (personnage, paysage, lieu), que de rentrer vraiment dans le « but » du récit, la légende du Vallon endormi. Donc pendant pas mal de page, on a l'impression de lire un guide naturaliste-romancé de la région, que de lire une légende ésotérique sur un cavalier hessoi sans tête.
Des lieux mystérieux, des habitants encrées dans une tradition de mysticisme... Mais où est le cavalier?
Avant de rencontrer notre légendaire cavalier, W. Irving développe l’histoire de ce territoire, qui a été avant tout colonisé par des hollandais (et oui cher amis, les anglais et les espagnols n'ont pas été les seuls à fouler le Nouveau-Monde, enfin, vous deviez le savoir... j'apprécie juste de parler un peu d'histoire). Il insiste beaucoup sur l'histoire, les habitants, leur ambiance, leurs habitudes. Il insiste beaucoup sur le caractère calme et paisible du lieu. En même temps il a créé une atmosphère plus sombre en mettant en avant le mysticisme du lieu via les superstitions et les mystères de cet endroit.
Après pleins de tours et détours, nous rentrons un peu plus dans le vif du sujet, car le jeune instituteur Ichabod Crane nous est enfin présenté. Préparez-vous bien, pour ceux qui sont fans de Johnny Depp ou de Tim Burton, on est assez loin du séduisant Johnny Depp. Ce cher Ichabod est décrit comme ayant une forte ressemblance avec une grue : « grand, maigre, épaules étroites, membres démesurés… ». Bref, on n'a pas du tout la description d'un playboy. Cependant, malgré un physique un peu disgracieux. C'est un homme avec une bonne éducation, qui est apprécié de ces dames, il est aimable envers son prochain, jugé de naïf par ces croyances en la magie, le mysticisme. Le terme naïf n’est pas le mien, mais celui de l’auteur (n’oublions pas que le récit s’écrit à une époque où le progrès et l’évolution, ne sont pas en accord avec de vieille croyance, qui ralentirais ce progrès. Il ressent, comme d’autres habitants, cette atmosphère étrange propre au vallon.
Katrina, qui est un personnage très présent dans le film, est très peu cité et suivit, on sait juste que c’est une belle jeune fille « dodue comme une perdrix, avec un teint de pêche » (chacun ces canons de beautés, peu importe l'époque, je ne sais pas si être comparé à une perdrix est très flateur), qui dispose en plus d’un beau capital.
Le côté mystérieux, dont je vous ai parlé, l’auteur va insister sur ce point en indiquant que les personnages craignent et respectent les croyances esotéristes, on ne plaisante pas sur ce sujet. Une atmosphère qui a été bien retranscrite dans le film de Tim Burton. Mais qui au contraire n’est absolument pas présente dans la nouvelle. Un fait qui le prouve, c'est qu'on ne rencontre qu’une seule fois le cavalier, et aucun personnage ne parlent directement de magie ou d’ésotérisme. Ce qui est bien décevant, on se rend compte, que l'on est plus en train de suivre Ichabod. Qui tente, avec peu d’atouts de son côté, de séduire la jeune Katrina Van Tassel.
Le cavalier apparaît au final qu’une seule fois et poursuit le jeune instituteur… Et que va-t ’il se passer ??? Rien de spécial, on n’entend plus parler ni de l’un, ni de l’autre… Mais l’instituteur n’ayant pas séduit la belle perdrix, a-t-il préféré prendre le large.
Donc pour finir, l’histoire tourne plus autour des descriptions (digne d’un naturaliste) de l’auteur, et de la passion d’Ichabod, pour la belle Katrina, et on se demande, désespérément ou est le mysticisme, les fantômes et tous les mystères de la région ?? Donc, pas de tête tranché, pas de sorcier, pas de rituel, pas d’enquête, pas de mystère, de magie, et quasiment pas de cavalier.
Une nouvelle qui ne va pas se lire par plaisir, mais plus par curiosité, au moins on découvre les belles descriptions des campagnes vallonnées le long de l’Hudson. Mais pour ce qui est de la légende elle, est passée à la trappe.
Résultat... 3/10
La Légende du Vallon Endormi, 1862, Washington Irving, édition du Poulet Malassi, importée via wikisource