Le jeune Tommasso Grassino, ne pensait pas que sur sa route matinale pour aller à l’atelier de tissage où il est apprentis, il tomberait nez à nez avec un cadavre.
Comble de la malchance, en voulant alerter au meurtre on l’accuse d’être le coupable. Il ne peut à présent que compter sur un seul homme, Marco Pisani, un advocateur vénitien, qui a des méthodes bien à lui – et surtout modernes pour l’époque- pour mener à bien son enquête.
Tout est bon à prendre, les ragots des servants, des commerçants et des prostituées soigneusement rapportés par son gondolier Nani. Les indiscrétions des aristocrates et leur petits travers, que lui dévoile son ami l’avocat Zen. Où bien, les visions et récits des ombres que la belle Chiara sait décrypter.
Je tiens à remercier NETGALLEY ET AMAZON PUBLISHING, pour m’avoir permis de lire cet ouvrage, et de m’avoir fait confiance. Ce qui m’a séduit dès le départ c’est le titre qui est assez énigmatique et ne nous laisse absolument pas entrevoir un début d’intrigue. La couverture peut laisser perplexe, mais croyez-moi, vous ferez la lumière la dessus plus loin de le récit. Mais bien entendu ce qui m’a décidé, c’est avant tout le résumé, un meurtre dans la cité vénitienne, un complot qui en révélera beaucoup sur les facettes de cette société.
Un environnement qui laisse rêveur
La façon de décrire l’environnement ne laisse aucun doute, l’auteur aime Venise et connaît très bien cette ville. On ne fait que le constater tout au long du récit. En plus de cela, de nombreuses recherches sur la Venise de l’époque ont été faite et ça se lit dans les descriptions des rues et Palais, mais également dans tous les détails sur la vie vénitienne : le système judiciaire, les marchands, le commerce maritime, etc. Malgré cette grande importance qui est donnée aux descriptions, on ne se perd pas dans un récit alourdi par celles çi.
Avec toutes ces descriptions, et à travers cette enquête, on a le plaisir de découvrir plusieurs Venise : La Venise droite et juste des hommes de lettre, des intellectuels, des magistrats. La Venise multiculturelle, carrefour commercial et humain (je ne parle pas d’esclavagisme) entre l’Orient et l’Occident. La Venise de la débauche, des bals, des jeux clandestins, des apparences, des perruques, de la soie, des brocarts et des courtisanes.
L’auteur, tout au long de l’enquête, va habilement nous montrer toutes ces facettes qui font la réputation de la cité vénitienne. On apprend pleins de choses sur les tribunaux vénitiens, la beauté des Palais, la période effrayante des inquisiteurs, mais également le triste déclin de la cité depuis la découvertes des Amériques et de la nouvelle route de commerce.
Des personnages aux horizons variées, mais qui ne fascinent pas
Le personnage principal que nous suivons tous le long du récit est l’advocateur Marco Pisani, un noble vénitien. Je vous laisse le soin de faire vos recherches pour savoir ce qu’est un advocateur hihi. Notre personnage est quelqu’un d’assez froid, intelligent, un bourreau de travail, en décalage avec son époque (il ne porte pratiquement jamais de perruque, mais c’est aussi la parfaite caricature de sa fonction de magistrat (mince je vous ai donné un indice !). On est loin de l’image que l’on se fait des dandys vénitiens.
Il est souvent accompagné de son gondolier, l’espiègle et coureur de jupon Nani et de Daniel Zen, un avocat. Tous deux vont l’accompagner dans ces réflexions et son enquête, mais sincèrement, malgré leur rôle dans l’histoire on ne s’y attache pas vraiment. Est-ce dû au fait qu’ils n’interviennent que comme «faire-valoir» du héros principal, ou parce que ce dit héro manque cruellement de charisme ? Je n’ai pas répondu à cette question, mais c’est ce qui pêche pour moi… Marco Pisani n’a pas la carrure d’un Sherlock Holmes ou d’un Hercule Poirot.
L’auteur lui donne pourtant des éléments pour susciter l’affection, un jeune veuf, qui a perdu femme et enfant il y a douze ans et n’a pas reconstruit sa vie. Une histoire d’amour avec Chiara, la jeune bourgeoise femme d’affaire et indépendante, pointe le bout de son nez. Cela donne une touche romanesque au récit, et une romance à Venise, quoi de mieux. Mais ça n’a pas suffi à rendre les personnages intéressant, dommage. Petit coup de cœur néanmoins sur les méthodes d’investigation très moderne de Marco, ce décalage et cette intelligence par rapport à son temps m’a plu.
Une intrigue bien conçue mais une enquête qui patine
Très tôt dans la matinée, ou très tard dans la soirée (cette observation dépend de vous ;p), le jeune apprentis Tommasso Grassino découvre le cadavre d’un homme qui a été étranglé. Ces vêtements montrent qu’il a été aisé, qu’il continue de faire croire qu’il l’est, c’est un barnabotti. Un aristocrate vénitien déchu, il conserve certains privilèges lié à son nom et sa naissance, comme de voter au Grand Conseil. Mais ne possède plus l’argent et la demeure de ces ancêtres et vit d’une petite rente que la Cité (surnommée la Sérénissime dans ce récit) lui accorde.
Marco Pisani lui se rend vite compte que le jeune apprenti n’a rien à voir dans l’affaire, et que personne ne tuerais Barbaro pour son argent. Il décide d’enquêter lui-même, premièrement parce que certains éléments lui semble louches, et deuxièmement, parce que Barbaro fait tout de même parti de la noblesse vénitienne. Il enquête de manière très moderne pour l’époque, relève des indices, il va sur le terrain, interroge les voisins, amis, serviteurs, rien ne lui échappe. Rapidement dans son investigation, des étranges faits apparaissent.
Premièrement il est impossible de trouver les amis proches de la victime, qui pourraient en savoir plus sur ses habitudes, ses ennemis, ses frasques, ses éventuelles dettes. Deuxièmement, le mort était en possession de document top secret sur la marine et l’armement naval vénitien. As-t‘il été tué parce qu’il devenait trop encombrant ? Ou serait-ce lié à sa bande d’amis introuvable ?
Dès le début on ne peut le nier, l’intrigue est intéressante, on ne sait pas ce qui va se passer, qu’elles sont les motifs de l’assassin, tout semble s’embrouiller et aucune véritable piste ne nous apparaît. On sent que tout cela est plus qu’une simple affaire d’espionnage ou de règlement de compte. Mais voilà, le hic c’est que l’enquête tourne en rond beaucoup trop longtemps, les éléments arrivent tardivement et l’ambiance de mystère propre au genre policier s’efface et on s’ennuie.
Et puis un rebondissement arrive et nous replonge avec plaisir dans l’enquête, mais ces moments de calme sont malheureusement trop présent pour moi. Nous avons une bonne intrigue, un dénouement que l’on n’imaginait pas (l’auteur à quand même de la ressource), mais la plume c’est sans doute trop concentré sur les beautés de Venise et pas assez sur cette petite touche de mystère, d’inquiétude, de suspens tellement indispensable dans une enquête policière.
Un des points positifs de ce roman est incontestablement la connaissance et la passion qu’à l’auteur pour la Cité des Doges. On ne peut qu’être immergé dans la cité avec tous ces détails et ces descriptions. Malheureusement je n’ai que peu accroché avec les personnages ce qui m’a laissé un peu sur ma faim lors de l’enquête, j’opte donc pour un 5/10.
L'écarlate de Venise, Maria-Luisa Minarelli, 2018, Amazon Publishing