Il y a un siècle, nous suivons le quotidien d’un famille bourgeoise et surtout d’un jeune marseillais du nom de Marcel.
Le quotidien à la maison, l’école, les aventures chez le brocanteur, les jeux entre frères et sœurs, et surtout les vacances à la campagne dans une charmante maison dans les collines de la Treille.
N’oublions pas non plus la célèbre partie de chasse à la bartavelle.
Un récit nostalgique, pleins de souvenir d’enfance, et pleins de personnage qui nous apparaissent tellement vivant et haut en couleur.
Le fantasque petit Paul, le grandiloquent oncle Jules, la discrète Augustine où le joyeux Lili.
Comme tout le monde, j'ai entendu très souvent parlé de ces récits. Mais je n'ai jamais eu l'occasion de les lires à l'école ou ailleurs. Alors en voyant ces belles éditions dans un vide grenier, je n'ai pas hésité, c'était l'occasion ou jamais. Prêt pour la découverte des aventures du jeune Marcel.
Un grand auteur, à la plume agréable
Le récit est tout en légèreté on ne lit pas on navigue délicatement sur l’eau, les descriptions sont poétiques et elles n’alourdissent pas le récit. Il sait quand il faut développer sur l’environnement et l’ambiance d’un lieu, et quand cela n’est pas nécessaire et qu’il faille être plus directe et enchaîner dans les évènements. Quand on a à faire a un bon auteur, que dire… Je ne connaissais pas Pagnol, hormis dans quelques pièces de théâtre que j’ai pu voir.
J’ai beaucoup apprécié les sentiments de l’auteur et son amour inconditionnel pour sa mère, l’image qu’il a de sa mère, c’est tout bonnement incroyable, c’est très attendrissant qu’un si petit garçon se préoccupe tant de sa maman.
Je n’ai pas été déçu de l’auteur, je n’attendais rien de précis, et en même temps, la description est juste et de qualité. On a l’impression de voir son enfance à travers les yeux du jeune Marcel, on est attendris et on a un sourire en coin en repensant à tout ça. Il y a des auteurs comme ça, on s’imagine des tas de choses, on croit tout savoir car c’est un « classique », mais j’ai été agréablement surprise et très contente de découvrir cet auteur. Bref j’ai adoré découvrir cet auteur et j’ai hâte d’en découvrir d’autres.
Certains diront, que l’histoire n’est pas extraordinaire, que certains passages peuvent être romancés. Mais quand on se plonge autant dans une enfance qui n’est pas la nôtre.
Un récit plein de légèreté
Le récit débute par une introduction du Marcel Pagnol des années 50, celui qui a vécût, qui a eu une longue carrière cinématographique et dans le théâtre. Et qui s’interroge sur l’intérêt de son récit, la difficulté de faire de la prose, s’il est le mieux placé pour parler de lui. Il insiste sur le fait qu’il va nous conter des souvenirs, la vie d’un enfant dans les collines du Taoumé au début du XXème siècle.
Le récit est comme nous l’a annoncé l’auteur, sans prétention et pleins de bon sentiment, et parfois très franc et incisif, comme un enfant. On découvre avec plaisir et tendresse les souvenirs de ce petit garçon : son frère qui avale tout ce qui arrive à sa portée, les ballades secrètes de tante Rose au parc pour flirter, et ces jeux dans le jardin à attraper les insectes ou se déguiser en indiens.
On rigole dans certaine situation, notamment lors de l’explication du jeune Marcel à son frère face au mystère de la naissance, où sa profonde indignation quand on lui ment.
Et arrive le moment tant attendu du jeune Marcel, de son père et son oncle, l’ouverture de la chasse. Une scène riche en décors qui me paraissent tellement surprenant (car je ne connais pas cette région), et sur des détails assez drôle comme la bonne posture de chasse à adopter pour bien tirer.
C’est assez agréable de découvrir toute sa famille, certains personnages sont très drôle, surtout l’oncle Jules et ses débats d’idées. J’ai bien aimé les parties de jeu entre frère pour reproduire les combats entre les indiens et les cowboys.
Autre époque, dans les collines provençales
Avant de rencontrer Marcel, celui-ci nous présente sa région natale, et les origines de sa famille, il insiste également beaucoup sur les mœurs de l’époque, la fonction d’instituteur, l’anticléricalisme pratiqué à l’école et bien sûr la Trinité de la mort, le ennemi du peuple le Clergé, la Royauté et l’Alcool… C’est une partie qui m’a beaucoup intéressé, elle est rédigé avec un certain humour, une douce ironie, parfois on dirait les paroles que répéterait les enfants après avoir écouté les adultes. Mais ça nous apporte une meilleure compréhension de certaines discussions, réaction des personnages face à des moments anodins mais qui prenait une autre tournure à cette époque.
Mais on est aussi dans une époque où les gens se rendaient service, où l’on prenait le temps de vivre, où l’instruction et les diplômes avaient une valeur. Ah on a envie de belles vacances en famille comme celle-là !
On apprend également une belle anecdote sur Marcel Pagnol et l’un de ces prédécesseur au siège numéro 25 de l’académie française, ce qui a sans doute prédestiné Marcel Pagnol à être, une fois adulte, admis à l’académie française.
Je ne connais pas très bien la Provence, je n’y suis allée qu’une seule fois, mais j’aime cette nostalgie dans la découverte dans les souvenirs des paysages de l’enfance qu’on a tous eu.
Pagnol immerge le lecteur dans cette Provence attendrissante et dans ces souvenirs. On a la tête pleins d’image, on est dépaysé, et sur le doux nuage de nos souvenirs. J’ai hâte de poursuivre ma lecture, de lire d’autres passages de la vie du jeune Marcel, je suis d’accord pour un 8/10.
La Gloire de mon Père, Marcel PAGNOL, édition de Fallois, collection Fortunion, 2004 (sorti en 1957), dessin de Sempé