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Elline

Bel-Ami


Georges Duroy, un ancien militaire des campagnes de conquête de l’Afrique au XIXème siècle, a décidé d’arrêter de courir le monde.

Selon lui c’est à Paris qu’il aura sa chance, sa chance de réussir, d’être quelqu’un ! Mais voilà, après plusieurs mois, sa situation financière est désastreuse, sa mansarde pitoyable, et son travail en tant qu’employé de bureau, ne lui permet absolument pas de vivre correctement et d’être l’homme qu’il veut être.

Mais le hasard, les beautés de la ville lumière vont faire leur effet ! Aux détours d’une rue, il va rencontrer un vieux camarade de régiment qui a su faire fortune et trouver une charmante épouse. Il l’introduit dans son cercle d’amis, et lui propose un emploi des plus intéressants en tant que journaliste.

Une nouvelle vie s’offre à lui, mais surtout de nouvelles rencontres féminines qui vont guider et changer sa vie.

Georges Duroy, un dandy ambitieux

C’est un jeune homme pour le moins ambitieux, dandy, séducteur, mais quelques peu feignant. Il a fui son poste dans l’armée… Mais pour finir au début de ce récit, il travaille dans un bureau des chemins de fer, la rémunération et l’ascension sociale ne sont pas aux rendez-vous.

Un ancien militaire sûr de lui, doté d’une certaine prestance, mais très fauché… Comme le dit l’auteur lui-même, son personnage « ressemblait au mauvais sujet des romans populaires ». Je pense aux premiers moments où l’on voit Georges Duroy, le torse bombé, se frisant la moustache, paradant comme un coq, comme un soldat, où lorsqu’il s’admire dans un miroir. Il a un côté un peu sadique, surtout lorsqu’il raconte ces souvenirs pendant des campagnes africaines, où les mœurs et la raison n’étaient pas ces premières préoccupations.

Sa vie est bien compliquée et sans le sous à son arrivée à Paris, mais la rencontre avec son amis Duroy va tout changer, et dès le départ celui-ci nous révèle un peu le destin de son ami, ce qui nous en dit beaucoup sur la suite : « … sais-tu que tu as du succès auprès des femmes ?... Ça peut te mener loin. ». C’est un personnage que l’on n’apprécie pas tant que cela. Il est prétentieux, ambitieux, un côté feignant, moqueur, et indubitablement prêt à tout pour réussir, ces amis sont les siens tant que cela lui apporte quelque chose, rien n’est fait sans intérêt. Il ne tarde pas à ce moqué de son ami Forestier.

La place des femmes

Les femmes ont une place de choix dans cette histoire, à la fois on rencontre des femmes juvéniles, libérées (comme Mme Marelle), intelligentes et fortes (comme Mme Forestier) ou extrêmement dévouées et passionnées (comme Mme Walter). Ce sont les femmes qui vont être au cœur de la vie de Duroy et qui vont lui permettre d’accéder à la l’ascension sociale qu’il désire tant.

Femme manipulée ? Certaine oui, mais pas toujours. Mme Forestier ne peux travailler, vivre de sa plume c'était souvent le cas à l'époque, elle est un peu la tête pensante de son mari, son intelligence et ses relations font qu’elle est au fait de beaucoup de choses. Et pourtant, je trouve que c’est elle qui maîtrise tout, son mari lui est entièrement dévoué car il ne serait pas grand-chose sans elle, c’est elle qui se sert de son mari et non l’inverse. C’est la femme la plus indépendante que l’on rencontre, elle l’est tellement qu’elle intimide et impressionne beaucoup Duroy. Même si au bout d’un certain temps, l’orgueil de Georges Duroy ne supportera pas longtemps cette situation.

Mme Marelle, elle, cède à ses pulsions, son instinct, c’est une enfant qui a besoin de sa dose d’interdit. Même sa fille est plus sage et raisonnée. Contrairement à Mme Forestier, notre libertine est amoureuse de Bel Ami,et cède à la tentation de le revoir facilement. La plus incontrôlable de tous, reste sans aucun doute Mme Walter qui devient follement amoureuse de Bel Ami, très manipulable.

Un style moderne et soutenu

Maupassant est un jeune homme qui a la bougeotte, qui a cumulé les emplois, mais qui également a côtoyé les plus grand de ce monde. Dont un certain Flaubert, qui lui a tout appris. Mais comme beaucoup de génie, leur don est empoisonné… La folie était un mal bien trop courant dans sa famille, qui malheureusement l’a rattrapé, après plusieurs crises, une avancée de sa cécité puis des tentatives de suicides… Il terminera sa carrière dans un asile où il mourra à l’âge de 43 ans.

« Les épaves de la noblesses sont toujours recueillis par les bourgeois parvenus. »

Dans ce récit, on oscille entre un pessimisme ambiant, surtout au début. Et un coté burlesque de Paris et des bourgeois surtout. C’est un tableau multifacette, tout en humour, sarcasmes, et ambition du jeune Duroy qui veut s’imposer parmi les nantis !

Tout de suite, on est transporté dans ce vieux Paris du XIXème, le phrasé est juste, soutenu, le style est agréable, mais pas trop lourd et pompeux. Les descriptions sont fines, précise, mais pas assommante. Parfois j’y vois même un côté ironique, drôle, une vision d’un Paris et des hommes de cette époque avec un regard juste. On oscille dans un Paris aux mille visages, incroyable, brillant, merveilleux, et le Paris pauvre et sale des romans populaires.

L’humour est au rendez-vous dans ce récit, ou plutôt l’ironie. C’est le cas dans l’épisode de l’arrivée dans le journal, où Duroy rencontre ces futures collègues qui joue aux cartes, au bilboquet, boivent un coup, bref… ça bosse dur !!! A pleins de moments dans ce livre on est dans un tableau vivant de cette bourgeoisie qui profite grassement de cette époque sans Roi, sans Empereur.

Un dandy au rêve de grandeur digne d’un grand seigneur, des femmes ascenseur sociaux des jeunes en quête de reconnaissance, des nantis bien profiteurs. Un Paris des magouilles, de la fête, des manipulations, un Paris royaume des bourgeois dont la plume de Maupassant se délecte avec cette pointe d’ironie… Un excellent 10/10.

Bel Ami, Guy de Maupassant, 1993, édition

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