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Elline

Le Portrait de Dorian Gray


Combien d’entre vous, en ce regardant dans le miroir ont souhaité ne plus vieillir, garder ce teint frais ? Ces joues rosées ?

Dorian Gray est beau, jeune, naïf, l’égérie d’un peintre qui ne tarit pas d’éloge à son sujet.

Mais que va-t-il lui arriver quand sa beauté va faner ? Quand il va vieillir ? Qui va le regarder et l’admirer ?

Un jour, admirant son portrait alors qu’il se lamentait de son avenir vieillissant.

Une chose étrange est apparue, son portrait a été comme modifié… C’est comme s’il avait vieillit.

Mais le livre d’Oscar Wilde ne déroge pas à la règle, la magie a toujours un prix, et Dorian Gray va l’apprendre rapidement.

Vous aussi seriez-vous prêt à payer le prix fort pour un peu de beauté ?

J’ai toujours aimé lire des livres anciens, le style des auteurs, leurs façons de s’exprimer, les histoires racontées, rien que cela me fait voyager. Même si certains auteurs sont plus difficiles à lire que d’autres, comme Emile Zola, je passe généralement un bon moment. Mais avec Oscar Wilde, et bien ça ne colle pas… Cette étrange histoire de l’homme qui ne vieillit jamais était dans ma PAL depuis bien longtemps. Alors cet été, je n’ai pas hésité ! Mais j’ai mis deux bons mois à le lire, pourtant il n’est pas très long, mais j’avais besoin de pause, car ma lecture me paraissait interminable et pas très passionnante.

Si vous avez la même édition que moi, je vous conseille de lire la préface à la fin, pour vous faire votre idée de l’auteur et du récit, au risque de voir votre lecture biaisée par les réflexions énoncées sur l’auteur, son histoire et les personnages.

Oscar Wilde, esthète et homme moderne

On sent dans l’écriture de l’auteur un amour démesuré du beau. Comme si la beauté surpassait toutes les qualités, était indispensable pour se faire remarquer, apprécier, ou être bien situé sur l’échelle sociale. Toutes les portes s’ouvrent à vous alors et c’est via le personnage que l’auteur véhicule cette idée forte.

En même temps, l’idée même du beau, est terriblement subjective et difficile à définir, l’auteur indique même à un moment que quand cela ne rapporte pas, ce ne peut être beau. Oscar Wilde nous montre sa vision de la vie, du beau, du juste, de ce qui a de l’intérêt et de ce qui est le reflet d’une époque emprisonné dans des idées anciennes et puritaines.

Le XIXème siècle est une époque très particulière, entre deux eaux. On constate une émergence de valeurs fortes, considérées par certains, comme Oscar Wilde, comme démodées et en dehors de leur temps. Et d’un côté, un vent de changement est bien là et démontre une libération des mœurs et des idées de la société.

Libertinage, homosexualité, une bombe à l’ère victorienne

Il est aisé de voir à quel point l’auteur met en avant des idées, et un mode de vie, pour le moins scandaleux (à l’époque), à travers cette histoire. Victime de ces amours et son mode de vie, Oscar Wilde dépeint dans ce récit, un mode de vie qu’il appréciait et offrait une liberté du corps et de l’esprit incomparable.

Sir Henri est un personnage qui va complètement refléter cet état d’esprit, il a d’ailleurs une façon d’aborder la vie et la religion qui m’a fait penser à Raspoutine… Comment je fais le rapprochement me direz-vous ? Et bien la vision Sir Henri, qui met en avant l’intérêt essentiel de commettre des pêchés pour aboutir à un fondement de la religion catholique, le pardon. Sans pêcher, pas de pardon, une doctrine dont le célèbre moine russe était un fervent adepte. Sir Henry, fervent libertin, et homosexuel à ses heures, ce personnage n’est pas sans faire écho à son créateur.

Si l’auteur dévoile des éléments choquants pour la société victorienne, que cela soit à travers les pensées et discours des personnages, où dans l’observation d’une abeille butinant des massifs, tout est admirablement fait, sans vulgarité, avec un côté très poétique.

Dorian Gray, génie séducteur ou pâte à modelé ?

Le jeune Dorian, lorsqu’il rencontre son mentor, est un jeune homme d’une grande beauté, mais aussi naïf qu’il est beau. Les enseignements de son maître vont alors être rapidement assimilé et valider par le jeune homme, et son obsession du beau et du jeune va arriver très rapidement. Je ne m’attendais pas à avoir un personnage avec si peu de caractère, capricieux et si malléable. Et je dois avouer que je ne l’apprécie pas spécialement.

Dorian Gray n’est pas un personnage que j’ai aimé détesté. La transformation de sa personnalité est le point central de cette histoire. L’évolution de ces mœurs, ces habitudes, sa vision du monde, mais toute la partie la plus choquante, la plus répréhensible de sa vie n’est que survolé. L’on s’intéresse surtout à Dorian, le jeune homme venant d’entrer dans le monde et malléable comme une pâte à modeler par Sir Henry. Et Dorian le cinquantenaire, obnubilé par sa peinture, paranoïaque développant mauvaise réputation et conduite, s’éloignant de ses pairs. Lui qui autrefois était adulé pour sa beauté, maintenant il fait fuir car sa déchéance d’esprit n’entraîne pas que lui.

Quel dommage de ne pas avoir insisté plus sur ces années de changements, les vies qu’il a brisé par sa conduite sans s’en rendre compte. Plutôt que de passer de longues pages à venter sa beauté et sa faiblesse d’esprit. Car oui, pour moi Dorian Gray est facilement manipulable, Sir Henry modèle son esprit, son comportement, sa façon de penser et a sans aucun doute, forger le monstre qu’il est devenu. Sibylle, une jeune comédienne dont Dorian va tomber amoureux, est malgré elle la première à subir le révère du tempérament impulsif, cruel de Dorian Gray, révèle t’elle qui il est vraiment ? Je reste persuadée que l’influence des propos de Sir Henry guidera Dorian G. toute sa vie…

Sir Henry est sans doute le personnage amenant le plus de débat et de controverse. Ce qu’il pense vraiment ?? Le sait-on, en tout cas il a un goût pour la provocation que ce soit en étant mysogine, manipulateur, le maître à penser du jeune Dorian se révèle plus intéressant que l’élève car il a sût s’approcher des ténèbres sans se faire prendre par eux.

La pluralité de l’esprit d’un individu, le dédoublement d’un être est une notion mise en avant avec le portrait, qui n’est pas que le reflet d’un Dorian Gray vieillissant, il reflète son âme tel qu’elle est et son corps tel qu’il pense/souhaite être. C’est cet écart, cette vérité qu’il ne supporte pas, la vieillesse il aurait pu s’en accommoder, mais quand il regarde son portrait, c’est la noirceur de son âme qui saute aux yeux. Il n’accepte pas qu’il est autant qu’il n’accepte pas, refuse de voir ce qui est laid, à ses yeux, dans notre monde. La fin du roman reflète bien cette dualité, la question est qui sera-t-il à la fin ?

Voilà c'est sur cet essais philosophique que je conclus cet article. Ce roman n'est clairement pas un coup de coeur , mais la réflexion qu'il amène, la complexité du personnage de Dorian Gray et en même temps son extrême naïveté dans sa jeunesse ma surprise. Je vais mettre un 6/10 car ce roman est extrèmement bien écrit, avec des thèmes élaborés, mais je n'ai pas aimé Dorian Gray.

Le Portrait de Dorian Gray, Librairie Générale Française, Oscar Wilde, Préface Dominique Fernandez

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