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  • Elline

Bride Stories, tomes 1 à 8


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Bride Stories, c'est avant tout l'histoire de jeunes filles en âge de se marier en Asie Mineur, au XIXème siècle, le long de la route de la soie.

Nous suivons l'histoire de ces jeunes filles dans leur quotidien avec leur clan (couture, gestion des troupeaux, préparation des repas, pêche et pour certaines chasse en archerie montée ou avec des oiseaux de proie.

Nous rencontrons toutes ces jeunes filles et leurs histoires à travers monsieur Smith, un anglais ethnologue en voyage en Asie Mineure qui essaye de découvrir les coutumes de ces peuples.

La mariée centrale de toutes ces histoires, c'est Amir Eyton, tout récemment marié à Karluk (de 8 ans son cadet). L'arrivée dans un nouveau clan, un nouveau village, change des habitudes d'Amir qui vient d'un clan de guerrier et de chasseur et semi-nomade.

La couverture est vraiment de qualité, les personnages et les titres sont en relief. Le dessin des paysages parfaitement réalisés fait un arrière-plan au personnage mis en avant. Et à l'arrière, il y a une belle mise en situation des personnages dans leur vie courante en quatrième de couverture. Il est rare de s'investir autant dans une couverture (que ce soit de la part du mangaka ou de la maison d'édition).

Les coutumes en Asie Mineure

Dans les mangas, certains mangaka font des postfaces pendant la lecture, ou après. Chez Kaoru Mori, elles sont particulièrement comiques et elles nous apportent de nombreux éclairages sur la manière dont elle écrit ses mangas, fait ses recherches, et c’est là que l’on voit tout son caractère enjoué et passionné.

L’auteur révèle dans ces postfaces, qu'elle a fait de nombreuses recherches sur la culture, les peuples d’Asie Mineure et cela se ressent à travers les histoires qu'elle essaye de raconter, qui en sont fortement enrichies et documentées.

Le point fort de cette série, c'est de mettre en avant les personnages de l'histoire, mais surtout à travers certains d'entre eux, des coutumes, mœurs, des artisanats locaux. On va découvrir l'ébénisterie, les tapisseries, la couture, la symbolique chamanique autours des motifs, l'archerie montée (que pratique Amir et le clan Hargal), la fabrication du pain (dont Pariya - une des jeunes filles- révèle de sacré talent). Mais on découvre pleins d'autres choses comme l'élevage, et surtout les mariages, etc.

Les différences culturelles entre les clans, sont visibles lorsque Amir arrive dans son nouveau clan, mais aussi quand on découvre de nouveaux mariés. Cela se voit à travers leurs vêtements. Dans ces sociétés, les femmes portent des foulards et des tissus ouvragées différents suivants les régions géographiques. Les foulards et les vêtements sont plus ou moins couvrants. Lors de son voyage en Perse, nous rencontrons Anis, une jeune femme à la vie plutôt aisée, mais cachée derrière des voiles (seulement en public), seul les hommes de la famille voient les femmes de leur famille.

C'est en Perse que j'ai découvert une de mes nouvelles traditions préférées, celle des sœurs conjointes. Une offrande est faite à une femme envers une autre pour seller leur amitié. Un panier de fruits et noix, avec une poupée, est apporté, si celle à qui ce plateau est destiné accepte elle dépose une broche en argent dessus. Après une cérémonie est organisée ou les deux amies se jurent fidélité et amitié, parfois, elles voyagent même ensemble après la cérémonie.

Une histoire riche, émouvante et pleine de surprises

Le rôle de la femme dans son foyer et dans la communauté est plus ou moins important. Dans le clan d’Amir, les Hargal, les femmes sont d’excellentes cavalières, de grandes chasseuses à en archerie montée et gardiennes de troupeau, tant qu'elles ne sont pas mariées. Dans le clan de son époux, les femmes ne chassent pas et ne s'occupent pas du troupeau, leur vie tournent autours des tâches domestiques. Et pourtant, malgré l'apparente simplicité de l'histoire tournant autours du quotidien de ces peuples, l'histoire ne cesse de nous surprendre, de nous émouvoir.

Suivant les endroits, les coutumes perdurent, la famille d’Amir est encore nomade, celle de Karluk est sédentarisée. La plupart du temps, on constate que les familles vivent en cercle élargi (parent, grand parent, parfois frères et sœurs) la plupart du temps les femmes vivent chez leur mari et sa famille. Mais parfois, quand on a plusieurs enfants, certains garçons vivent ailleurs (tous ne peuvent pas succéder au père s’il n’a pas assez d’argent, de bétails pour les dots).

L'histoire tourne principalement autours des mariages, dans le tome 4 et 5 on assiste à l'organisation de l'un d'eux, toute la procédure, la rencontre des parents, les négociations autour de la dot. Le fabuleux banquet qui dure toute une semaine avec les mariées soumises à tout un protocole durant la cérémonie.

Il y a un aspect généreux, convivial chez ses peuples, qui prennent très aux sérieux les règles de l'hospitalité.

Les personnages sont extrêmement attachants à chaque fois, on a très envie de revoir les filles dont on a suivi l’histoire. On mœurt d’envie de savoir la suite de leur histoire, Kaoru Mori laisse tout le temps les éléments en suspens à la fin des histoires secondaire, les reverra-t-on un jour ? Un dépaysement total, une immersion dans le quotidien de ces populations semi-nomades du XIXème siècle, beaucoup de bonne humeur et de belles histoires dans ce manga.

Des personnages qui nous redonnent de la joie de vivre

Amir et Tarluk sont un couple atypique, ils ont 8 ans d’écart, la mariée étant plus vieille (21ans). Amir a des vêtements très luxueux, avec beaucoup de dessins et de motifs brodés, ce qui contraste avec les membres de son nouveau clan. Elle est gentille, joyeuse, attentionnée, naïve. Elle est très dévouée à son mari et veut toujours bien faire. Du haut de ses treize ans Karluk veut montrer sa maturité et le fait que maintenant, il est un homme !

Je vais vous présenter d'autres jeunes mariées, comme Pariya. C'est une jeune fille peu sûr d’elle, avec un franc-parler déconcertant et un fort caractère qui lui a empêché plusieurs fois de trouver un mari, au grand désespoir de ses parents.

Leyli et Layla, sont deux jumelles fusionnelles hyper active, entreprenante, sans gêne. Elles sont très malicieuses et recherchent activement un mari avec des stratagèmes farfelus, comiques.

Le tome 3 change radicalement de point de vue, Smith a repris le cours de son voyage et on va rencontrer une nouvelle jeune fille à marier. Talas est belle, douce, jeune et une veuve sans ressource qui vit avec sa belle-mère. Elle subvient à leur besoin avec leur petit troupeau. Elle est sans doute le personnage le plus sensible, seule et mélancolique. C'est le plus touchant des personnages dont l'avenir, nous intéresse le plus. Mais c'est malheureusement l’une des rares pour qui tout ne se finit pas sous les meilleurs auspices.

Mon personnage préféré est sans doute Balkish, une grand-mère énergique, qui fait une sacrée moue. Elle a un tempérament de feu, un caractère marqué et des talents bien cachés et je vous laisse le plaisir de les découvrir. J'aime bien ce personnage, car elle a un humour bien tranché et sarcastique.

Kaoru Mori est véritablement fan de son univers et cela se sent. Elle est très engagée et on se rend bien compte qu'il y a un énorme travail (dessin, recherche historique, etc) derrière son manga.

Une technique sans égal

Une des grandes qualités de Kaoru Mori, mais également ce qui fait que son travail est apprécié, ce sont ces dessins d'une grande qualité, un trait fin, minutieux, précis. J'ai rarement vu des dessins dans l'univers du manga, avec autant de travail, de précisions sur les vêtements, les boiseries, les tapisseries. Je pense même que l'auteur à un petit faible pour les animaux, qu'elle dessine à la perfection.

Le talent de Kaoru Mori se trouve également dans le dessin des scènes de chasse et de combat, tout est parfaitement exécuté, le rythme de l’image, la planche n’est pas saccadé et brouillon mais rythmée, cohérente, fluide. Et les dessins sont parfaitement exécutés, et les scènes de combat ne sont pas les plus faciles.

Parfois certains mangakas ont un style exagéré assumé, dans les réactions des personnages, voir même les personnages eux-mêmes ont des proportions caricaturées. Chez Kaoru Mori, le réalisme, la transcription de la réalité de ces personnages à leur époque, dans leur contexte historique et culturel. C'est un élément essentiel pour elle.

Pas de plus ou de moins pour Kaoru Mori, qui est pour moi une des meilleures mangakas que j'ai eu l'occasion de lire. Tant sa technique est aboutie et son dessin de qualité. Mais aussi par son histoire incroyablement riche, émouvante et réaliste.

Pour info, le dessin c'est moi qui l'ai réalisé d'après les dessins de Kaoru Mori, et le maître est difficile à égaler (7 heures de travail pour celui là ;p)

Bride Stories tome 1 à 8, Kaoru Mori, édition Ki-oon, début de publication en 2008

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