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Elline

L'Île des morts


Cordélia Gray est une jeune détective à la tête d’une agence qui met un point d’honneur à résoudre les enquêtes complexes de … disparition d’animaux de compagnie. Bien qu’elle apprécie de retrouver le compagnon favori de ces clients, elle aimerait avoir des enquêtes plus intéressantes pour son intellect et pour ces finances.

C’est alors qu’elle est engagée par Sir Georges Ralston pour assurer la surveillance de son épouse Clarissa Lisle, une actrice, qui reçoit des lettres de menace en proses issues du répertoire du théâtre élisabéthain.

Elle doit accompagner sa cliente sur l’Île de Courcy, où elle va jouer une pièce de théâtre. Bien que la menace sur la vie de l’actrice ne soit pas prise au sérieux, Cordélia se rend vite compte que Miss Lisle n’est pas très appréciée par son entourage…

Petit à petit les langues se délient, les secrets se dévoilent, et l’île des morts n’aura bientôt jamais aussi bien porté son nom…

Pour la petite histoire, l’île des morts est le premier roman policier que j’ai lu. J’étais au lycée quand notre professeur de français nous a demandé de lire un roman policier. Beaucoup de mes camarades ont choisi Agatha Christie, et ils avaient bien raison, mais j’avais envie de lire un auteur que je ne connaissais pas, et je suis tombé sur ce livre. Je dois vous avouer, que dix ans après, je n’ai pas du tout eu les mêmes impressions lors de ma lecture. Car après avoir lu quelques ouvrages de Sir Arthur Conan Doyle, d’Agatha Christie ou de Dan Brown (un polar particulier mais de sacrés énigmes à résoudre), mon opinion sur cette histoire n’est plus aussi enjouée que la première fois.

Des descriptions riches sous fond de drame élisabéthain

P.D. James connaît bien son pays, et cela se ressent dans le foisonnement de détail et de description sur l’architecture, les paysages. Et c’est plus que visible dans le récit, presque 500 pages pour une intrigue policière, en sachant que le meurtre (oh, je ne vous apprends rien, il y a toujours un meurtre), n’arrive pas avant 200 ou 250 pages… pff. J’aime beaucoup les paysages anglais, et les rangés de maisons toutes semblables et pourtant tellement uniques. Et les descriptions abouties des éléments architecturaux datant de l’époque victorienne nous apportent beaucoup de connaissances et une fine description du lieu de l’intrigue. Mais justement, cela se fait sans doute un peu trop au détriment de l’intrigue, nous laissant dans un amas de description qui n’en finit plus, pas assez d’action et une lecture qui semble alors incroyablement longue et fastidieuse. Le style n’est pas assez incisif, il y a un manque d’enchaînement des actions, ce qui , je l'avoue, m’a fait poser mon livre un bon nombre de fois.

Par contre, quand le meurtre est commis et que tous les personnages commencent à se regarder de travers, là, P.D. James réussi bien à nous faire ressentir cette angoisse, ce malaise qu’inspire l’île de Courcy, et le fait que la mort rode partout.

Le côté théâtral est distillé de différentes manières dans le récit. Le livre débute dans un premier temps par une citation de T.S. Eliot tiré de Whisper of Immortality. Une citation bien trouvée puisque tout au long de l’histoire, l’actrice recevra des billets avec des citations morbides, qui font écho à cette citation, et nous met dans l’ambiance.

De plus un des protagonistes est une actrice de théâtre qui va jouer une pièce tiré du répertoire élisabéthain dans un théâtre victorien récemment rénové. La construction du récit elle-même nous rappelle la construction d’une pièce de théâtre, puisque l’intrigue se décompose en 6 actes (bien que pour être conforme au théâtre élisabéthain, 5 actes auraient été plus appropriés). Mais comme au théâtre, les 6 actes décomposent parfaitement l’histoire en unité de temps et d’action bien distinctes. Ce qui donne beaucoup de cadres au récit, peut-être un peu trop, surtout pour une enquête policière, mais cela a le mérite d’être cohérent.

Les personnages eux aussi sont dignes d’un récit shakespearien, un collectionneur d’antiquité riche et égoïste. Une femme amoureuse d’un homme marié et férocement jalouse de sa cousine à qui tout réussi. Une cousine égoïste, narcissique, pour qui les apparences sont essentielles. Un mari absent et indifférent. Un amant mourant en proie aux réflexions de son existence. Un jeune homme orphelin, charitablement aidé par sa belle-mère, mais qui souffre du poids de l’exigence maternelle de plus en plus croissante. Sans parler des serviteurs, donc Bref, un méli-mélo de névrosés, de personnages torturés qui vont animer ce récit.

Une jeune détective à l’œil affûté, mais qui manque de charisme

Nous débutons le récit au côté de Cordélia Gray, une jeune détective, plutôt sensible et discrète, qui s’inquiète beaucoup de la pérennité de son affaire et de l’avenir de ces deux employés par intermittence (dont il est nul besoin de développer plus à leur sujet car ils n’interviennent pas dans notre histoire, ce qui est fort dommage, car leur personnalité aurait apporté une touche d’humour et de décalage à l’enquête). Sa renommée pour résoudre les disparitions d’animaux, lui a valu d’être remarquée par l’actrice Clarissa Lisle, qui souhaite l’engager pour assurer sa protection et surtout découvrir l’auteur de lettre de menace qu’elle reçoit depuis quelque temps.

Cordélia à l’œil vif et affûté, elles remarquent pas mal de détail, est plutôt un bon juge de la nature humaine. Mais il lui manque ce petit quelque chose pour faire d’elle un personnage intéressant comme détective. Par contre, sa personnalité, son implication dans son travail, les éléments qu’elles arrivent à remarquer, la façon dont elle arrive à susciter les confidences des autres protagonistes, tout cela fait qu’elle est attachante, le personnage est travaillé. La contrepartie c’est qu’elle n’est pas extraordinaire de génie comme Scherlock Holmes ou ce cher Mr Poirot.

Peu de personnages, un huit clos, une ambiance pesante, mais des éléments parfois trop prévisibles

La première partie nous présente l’objet de l’enquête, mais également les principaux protagonistes, sauf Sir Georges et sa femme. On perçoit les inquiétudes, les émotions, les tourments des personnages qui seront bientôt au cœur d’une intrigue. C’est d’ailleurs la seule fois où l’on suivra d’autres personnages, après l’on aura uniquement le point de vue de Cordélia Gray et des inspecteurs de police. Malgré des descriptions sur la longueur, on a une bonne vue d’ensemble lorsque l’enquête commence.

Malheureusement les « parties » s’enchaînent et on attend toujours un peu d’action, de rebondissement. Et au final, on sait quand le crime va être commis, ça paraît évident même si on ne sait pas forcément tout ce qui s’est passé autours.

La situation en huit clos, les secrets des personnages, leurs personnalités, et ces fameuses lettres de menace, créer une situation pesante qui grandit petit à petit jusqu’au meurtre. Après l’ambiance devient vraiment glauque, oppressante, tout le monde se méfie les uns des autres. Sincèrement le huit clos sauve le récit avec cette ambiance si particulière, sinon, on aurait eu un récit vraiment difficile sur la longueur. Et le meurtre aussi, la découverte du cadavre est difficile.

Personnellement, j’ai eu quelques idées sur l’identité du meurtrier, ou plutôt, on a des doutes, des intuitions, mais aucune pistes, preuves, mobiles n’est vraiment clair, mis à part l’argent (mais c’est un peu simple et banal). Comme dans les récits d’Agatha C., la plupart des personnes ont un mobile et de lourd secret ne feront que rajouter des soupçons et nous empêtrer encore plus dans l’enquête. Au final, l’auteur malgré une grande introspection de ces personnages et le fait qu’elle nous décrive beaucoup de choses, de sensations ou pensées des personnages. Elle nous mène habilement en bateau, et c’est quand on ne peut pas tout prévoir qu’on est sur une bonne intrigue policière, quand quelque chose nous échappe encore et toujours.

Donc une fin en demi teinte, à la fois l'intrigue policière est géniale et le huit clos est toujours efficace pour créer des ambiances suffocantes. Mais le manque de charisme de Cordélia et les descriptions sur la longueur nous coupent dans notre élan et ralentissent l'ambiance de la lecture, alors ça va être un 6/10 pour cette génie du crime.

L’Île des Morts, Livre de Poche, 1985, P.D. James

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