La ville bretonne de Concarneau, vit depuis peu une série d’évènement (non il ne s’agit pas du concours de « Chiliconcarneau ») qui, en cette saison touristique, ne ferait pas rêver les célèbres vacanciers marins d’un jour, avec leur marinière et leur ciré jaune, spécialement acheté pour les vacances !
4 meurtres en moins d’un mois, c’est pour le moins étrange dans des petites bourgades comme celle-ci, la police concarnaise/concarnoise, est dépassée par les événements et décide de se tourner vers la police des polices.
Avec une communication sans faille, et un intérêt tout particulier pour la province bretonne, l’inspecteur Lambert est envoyé sur le terrain…
Si un fin limier saurait résoudre cette affaire les doigts dans le nez, notre inspecteur a sa méthode pour tomber à côté de l’intrigue…
Situation ubuesque, dialogues fous, situations déjantées sont au rendez-vous
Le récit commence par la traditionnelle note d’humour sur le climat breton, ces touristes, ces teintes de gris. L’auteur se caractérise tout de suite par cette pointe d’ironie pour décrire l’environnement de ces personnages, les situations. On démarre assez bien cette lecture, ce que j’apprécie c’est qu’humour n’est pas synonyme de grossièreté et familiarité excessive dans la plume de l’auteur.
Le style est clairement assuré et voltige entre des discours très soutenu, des façons de parler d’un autre temps, et un répertoire clairement familier. L’auteur joue avec la langue française, via des jeux de mots, des situations invraisemblables, des quiproquos et problèmes de compréhension entre les protagonistes, le tout est tordant !
Le mode narratif est construit pour nous tenir en haleine, on suit un personnage, puis un autre, au compte-goutte, sans trame précise. Parfois l’on remonte dans le temps, pour suivre un des personnages peu de temps avant son assassinat. Si l’auteur ne dévoile jamais le meurtrier en faisant cela, il nous donne cependant quelques indices pour relier les victimes entre elle, et pourquoi pas trouver un mobile. L’intrigue se dévoile alors doucement, et le format est idéal pour un policier !!
Un inspecteur comme vous en avez rarement rencontré !
Après la bourde, faites par l’assistant du commissaire du Quai des Orfèvre, ce n’est pas moins de 10 hommes qui vont être mobilisés pour résoudre cette enquête dans l’ombre. Ils ne peuvent plus rapatrier Lambert et passé pour des pleutres auprès des provinciaux. Surtout que si le préfet apprend cette affaire, de nombreuses têtes vont tomber. C’est pour cela que Lambert doit rester en poste.
L’inspecteur Lambert est à lui seul un phénomène, et suffit à nous rendre dingue ! Il parle comme Hercule Poirot, mais avec un côté Mr Bean. Il a le chic pour s’attarder sur les mauvais détails, ceux qui ne font pas avancer l’enquête, et à l’étrange habitude de ne pas écouter les autres, ou mal comprendre leurs réponses. Mais tout cela avec un sens du détail et de la formule d’une telle politesse que cela en devient drôlement ridicule. Il déforme tout avec un tel aplomb, que l’on pourrait le prendre au sérieux si ces idées n’étaient pas aussi farfelues.
J’indique rarement dans mes articles des citations extraites du roman, mais celle çi va vous donner une idée du personnage : « Nous perdons un temps précieux à fatiguer nos cellules grises devant un cas manifeste de suicide par injection massive de coquille de moules. »
Je crois que ce livre, c’est ma pépite de l’été. Je l’ai pris par pur hasard, séduite par l’idée de lire un polar breton ! Je ne m’attendais pas à autant d’humour, de moment ubuesque, de personnage incroyablement fou, dans tous les sens du terme !! Non vraiment j’ai adoré, et en plus l’intrigue policière est bien ficelée, que demande le peuple ?! J’espère retrouver l’inspecteur Lambert dans de nouvelles aventures avec cet excellent 10/10 !
Samuel Sutra, Le tueur en Ciré, Alter Real, 2019