Un monde créé dans les ombres du chaos et de la lumière… Pour Ciwen, ce qui l’entoure n’est que chaos, des mages et des dirigeants corrompus, des êtres brisés, des mythes qui semblent s’évaporer…
Ce monde possède trop de questions restant sans réponse pour Ciwen. Mais le mage de foudre ne veut pas se résigner, il est décidé à se lancer dans une quête périlleuse et légendaire…
Il compte trouver la fameuse Roche des Âges, bien que personne ne sache où elle se trouve vraiment et qu’elles sont ces réelles capacités.
Il va croiser la route de la jeune Olivia, un être de l’eau, qui elle aussi recherche la Roche des Âges… Leur destin vont se croiser et les mettre à rude épreuve, ils auront beaucoup de leçon à apprendre: faire confiance autant aux autres quand eux-mêmes, car de nombreuses épreuves les attendent.
Merci à l’auteur de m’avoir gentiment envoyé son récit, j’espère qu’il appréciera cette chronique, je peux parfois être très exigeante en Fantasy.
Une plume de qualité, avec beaucoup d’originalité, attention à ne pas s’égarer
Le style est soutenu, la plume agréable, il oscille avec des phases travaillées, soignées et d’autres extrêmement familières, surtout lorsqu’il s’agit de Ciwen, notre héros. Mais le mélange des deux a eu tendance à rendre certaines tournures de phrases hasardeuses, à manier avec précaution la prochaine fois. Les descriptions, elles sont de qualités, bien imagées créant une véritable ambiance sonore et visuelle. Et se juxtaposent facilement avec les moments d’actions et le récit en devient rapidement prenant.
Pour les connaisseurs, vous apprécierez les illustrations dans ce récit, qui à défaut d’être nombreuses (oui, on en veut toujours plus) sont de très bonnes qualités, avec un coup de crayon vif, hachuré, qui retranscrit bien cet univers sombre, lui donne de la profondeur et de la texture. Ajouter à cela une playlist qui a été sélectionnée par l’auteur, c’est la deuxième fois que je vois ça dans un roman et ça renforce l’ambiance du récit.
La présence des alchimistes est assez intéressante et propose une alternative de taille face aux magiciens, les molosses des ombres sont redoutables, j’espère que l’on en saura plus sur les cultes alchimiques par la suite. Le côté Dark Fantasy est incontestable, j’émets une réserve quant à la présence de bon nombre de créatures magiques ou des peuples, propre à la fantasy (nains, elfes, dragons, fées…) certaines, comme les lycanthropes, les zombies ou les vampires m’ont dérangé, ce ne sont pas des créatures propres à la Dark Fantasy, mais plus au fantastique ou l’urban fantasy, et j’attends de voir quel intérêt il y a, à les avoir intégrées dans ce récit. Les démons par contre, c’est original, la plupart du temps les gobelins et les orcs sont les ennemis traditionnels.
Une histoire riche et complexe
L’histoire débute par un prologue, qui est une forme de genèse, de mythologie annonçant l’avènement du monde de Ciwen, mais aussi de nombreux malheurs à venir. Et une chose m’a tout de suite frappé, cela sent Tolkien… J’ai trouvé beaucoup de similitudes avec le Silmarillion. Les êtres insaisissables, la mélodie, la trahison d’un des êtres, la création dans le chaos, les conflits naissants. Toute cette première phase nous laisse dans la confusion et en même temps rester bien attentif car cela va être une clef non-négligeable dans les événements à venir au sein de cette saga.
Par la suite, le premier chapitre, nous plonge sans équivoque dans un univers tourmenté, sombre, agressif, une scène de combat, ou plutôt de fin de combat qui montre tout le carnage dont sont capable les hommes et à quel point un guerrier en mode berserk perd tout son esprit dans ces cas-là. Je vous invite à vous renseigner sur le mode berserk, l’idéal, c’est de jouer à World of Warcraft, ce sera plus instructif et tellement vivifiant !
On entre rapidement dans le vif du sujet, la quête de notre héros. Mais on est un peu mi-figue, mi-raisin, car on se rend vite compte que la recherche de la Roche des Âges n’est pas ce qui va occuper notre héros durant ce premier récit. Ce qui nous prend de court, que va-t-il se passer, où va l’histoire ? En fait, la Roche est un déclencheur des événements bien plus sombres et complexes qui ne vont pas tarder à arriver. Ce qui apport une ambiance oppressante se poursuit régulièrement, les moments de calme et de douceur sont peu nombreux. De plus, l’auteur entrecoupe le récit de réflexion sur la perversion des hommes, les différences de classe et de niveau de vie, la transformation des corps, limite de ce qui fait que l’on est humain ? Plus vous avancez dans votre lecture, plus l'histoire se complexifie et s'enrichit.
Des personnages torturés, loin de cliché manichéen
Ciwen est un personnage sortant du lot, un anti-héros par excellence qui n’a pas confiance en lui et encore moins dans les autres. Il a une personnalité torturé avec une tendance au carnage et à la grossièreté pour masquer son manque de confiance et ses appréhensions. J’ai apprécié le fait qu’il soit à la fois mage et guerrier. Pour les habitués de ce genre de récit, généralement, on est l’un ou l’autre, dans les combats cela apporte tout son intérêt. Son côté bourru n’est qu’une façade, il a un côté très sage en même temps, il est particulièrement difficile à cerner, ce qui n’arrange rien, c’est que lui-même n’arrive pas à savoir qui il est. Si sur la longueur, les révélations progressives de son passé adoucissent l’humeur de Ciwen, ce n’est pas le cas d’un second personnage, Olivia.
Olivia apparaît comme une femme douce, fragile, calme, sûre d’elle dans un premier temps. Sa trahison envers Ciwen enlève le côté lisse qu’elle avait dans un premier temps. Cette ondine cache bien son jeu, elle a une âme torturée elle aussi, un côté autoritaire, pessimiste, méfiant… A l’opposé de la première impression qu’elle nous a donnée. Les personnalités des héros sont révélées au compte-goutte et apportent des interrogations.
Les personnages secondaires sont moins mystérieux, ce qui est dommage, il faut les laisser s’exprimer parfois sans décrire leur personnalité, il ne faut pas hésiter à tromper le lecteur. Mais peut être allons-nous être surpris par certains personnages dans les tomes à venir. Torhwa est sans doute mon personnage secondaire préféré, et celui que l’auteur a le plus l’a travaillé, on ne cerne pas le personnage si facilement et je sens que ça va être un élément clef dans la suite de l’histoire.
Beaucoup de question reste en suspens, comment fonctionne la magie ? L’alchimie ? Qui sont les Ilgars ? J’en oublie sans doute…Donc à quand le deuxième tome ?
L’écriture et le jonglage entre deux style, soutenu et familier, peut se révéler hasardeux parfois. Et j’ai une réserve sur la profusion de peuples et créatures, l'imagination oui, mais pas au détriment d’une cohérence qui va se conserver dans le récit et les tomes suivant j'espère. Malgré ces éléments, le récit reste prometteur et nous promet une histoire qui va nous surprendre par sa complexité, de l'action sans discontinuer et parfois sanglante, les personnages se livrent de plus en plus et donne envie de poursuivre leur aventure, des énigmes sont posés, des légendes refont surface, parfois trop d’information à enregistrer, mais c’est courant en fantasy. Le tout est de bien dosé, alors pour ce premier roman, un 7, 5/10.
Petit lien si vous voulez suivre et/ou découvrir l'auteur :
https://royaumesdemoniaques.wixsite.com/larochedesages?fbclid=IwAR2gydSPomU2YZknXoLx1oyRNs0tWuGKM4yv1CUkgbVmYvSmlGxu2IfiaBE
Petit lien si vous voulez suivre et/ou découvrir l'illustratrice :
http://wuika-jennyburgy.blogspot.com/?fbclid=IwAR0rs-fZPbCi6dPu1pnel03z5vcWWYtSXGzfUeCziwAdDFgtWiQDXgmBImI
Les Royaumes Démoniaques, Christopher Evrard, 2019, AUTOEDITION