Parfois, on dit que c’est bien de conserver ces traditions, qu’elles sont les vestiges de nos sociétés, notre culture. Mais il est bon de remarquer également que les sociétés, les civilisations évoluent avec le temps. Alors c’est dans ces cas que l’on se dit, doit on conserver une tradition qui ne colle plus à nos modes de pensées, de vie, de faire, ou doit-on la faire évoluer ??? Et bien c’est typiquement la question que soulève cette nouvelle en revisitant l’histoire de Cendrillon, qui n’est plus à présenter.
Cendrillon, c’est un conte, que tout le monde connaît. Les versions les plus connues sont celles de Charles Perrault, les frères Grimm ou de Giambattista Basile. Savez-vous qu’à travers le monde il y une multitude de Cendrillon ? Mathilde la gardienne d’Oie, Rhodope l’esclave grecque, Yexian la chinoise, Chũjō-hime la japonaise ou encore Oochigeas l’indienne. Alors qui est la vraie Cendrillon ? Peu importe au fond, il y en a une pour tout le monde.
D’autres ont déjà revisité le mythe, l’on pense souvent à Disney. Alors, allons voir, cette revisite, succès ou fiasco ?
Notre Cendrillon nationale, est malheureusement toujours poussiéreuse et exploitée (mais sinon il n’y aurait plus d’intérêt à l’histoire), elle est malmenée par sa belle-mère, Lady de Tremaine, et curieusement par l’auteur aussi, qui l’appel « la souillonne ». L’auteur souhaite trancher avec l’histoire d’origine en inscrivant celle-ci dans un discours d’ouverture d’esprit, de tolérance, mais surtout de vérité, qui colle avec nôtre monde actuel, n’en déplaise à certains.
Notre Cendrillon aux origines Ivoirienne (et pas à la peau d’albâtre), m’apparaît dans cette version, en tout cas au départ, comme un peu éteinte, manquant de confiance en elle et ayant clairement perdu l’espoir de s’en sortir. Si l’héroïne de Disney chante et croit en un monde meilleur, celle-ci n’y croit plus. Et ce n’est pas plus mal, vous connaissez beaucoup de gens qui après des humiliations quotidiennes pendant des années, ressortent tout sourire aux lèvres et sûr de soi ? Je trouve cette Cendrillon plus en phase avec sa situation quotidienne. Sa rencontre au bal avec la sœur du prince, va la faire sortir de sa torpeur, et une jeune femme maligne et pleine de vie nous apparaît alors. Et oui car Cendrillon ne va pas avoir de béguin pour le prince, mais la princesse.
Lady de Tremaine reste fidèle à ce que l’on connaît d’habitude, méchante, méchante, méchante… Je n’ai jamais vraiment trouvé ce personnage caricatural. Car les gens très méchants ça existe on n’a juste pas envie de croire que c’est possible.
Javotte et Anastasie, sont au contraire bien conscientes de la situation et de ce que subit leur belle-sœur, si elle ne s’y oppose pas en face, elle tienne à l’aider malgré tout. Si elles ne sont pas les bonnes à tout faire de leur mère, elles sont prisonnières de ces ambitions. Et la rébellion de Cendrillon va les aider dans leur émancipation.
On nous présente, majoritairement, des figures féminines fortes, pleines d’assurance et de conviction, comme la sœur du prince. Avec un caractère bien trempé pour certaine, dont la marraine la bonne fée qui est tout bonnement, incroyablement vulgaire ! Elle pique au vif et explique bien que l’on n’est pas dans un conte de fée, et sa magie ce n’est pas aussi simple et spectaculaire que dans les contes… dommage !! C’est vraiment le personnage dont la revisite m’a le moins séduite. (Enfin tout comme le prince, coureur de jupons épris de liberté.)
Je comprends le propos de l’auteur qui veut montrer l’ouverture et la tolérance quels que soient nos choix de vie. Mais j’ai moins accroché avec le prince et la bonne fée. Je ne suis pas très fan de la mise en avant excessive LGBT dans les romans, pour moi c’est naturel, normal et simple, ça ne doit pas être l’étendard de tout le récit, au risque d’en gâcher l’histoire. Les héros sont comme ils sont, peu importe leur orientation et j’apprécie quand cela est traité aussi simplement, en laissant sa place à l'histoire. La revisite est drôle, a du punch, même si certains aspect m’ont beaucoup moins séduite. On passe quelques minutes bien sympathiques, aller un 7/10 bien mérité !
Mission Cendrillon, L.Williams, Alter Real, 2019