La ligue Ecarlate a pris le pouvoir depuis bon nombre d’années, et dirige d’une main de fer le pays d’Orme en interdisant toute détention d’objet culturel, artistique qui ne soit pas approuver par eux.
Mais, Eleonor (alias Plume) est bien décidée à se rebeller, enfin un peu, contre ce régime. La nuit venue elle enfile son costume, se travestie en homme, et déambule sur les toits de sa ville.
De temps en temps elle tague le sol, les murs, pour marquer sa protestation. Mais le jour venu, elle redevient Eleanor, fille d’un ambassadeur, un fonctionnaire important du régime, et qui malheureusement va devoir bientôt marier.
Si elle ne souhaite pas défier ces parents dans leur projet, elle compte bien profiter de ces derniers instants de liberté.
Mais c’était sans compter cette nuit, ou elle a croisé un voleur qui dérobait des œuvres d’art, un tel secret est dangereux à détenir, elle assomme rapidement cet homme de peur d’être démasquée et qu’il la retrouve pour la faire taire.
Mais le destin aime se jouer de nous, et c’est dans une salle pleine de jeunes gens à marier, qu’elle va recroiser son voleur, un jeune héritier de la Ligue Ecarlate, Elias d’Aubrey…
Je remercie infiniment Laure Dargelos pour sa patience, sa gentillesse… sa patience (oui elle le mérite) ! J’espère collaborer à nouveau avec elle car, nous sommes en présence d’une pépite et j’espère bien collaborer à nouveau avec elle.
Laure Dargelos a une plume addictive, soignée, riche en détail et surtout avec un maniement subtil de l’intrigue, en créant des moments ou certains faits nous sont révélés tout en conservant le mystère sur l’identité des personnages. Elle a très bien compris comment susciter l’intérêt du lecteur, instaurer une intrigue, nous donner quelques frayeurs, nous faire douter ou nous révolter. Vous ne serez pas déçu, je vous l’ai dit, c’est une petite pépite que nous avons là !
Entre la Fantasy et la « Dystopie revisitée », un pari réussi
Comme dans le film Equilibrium, tous ce qui a attrait à la culture est prohibé, l’atmosphère est donc assez oppressante par moment, tous les personnages sont sur leur gardes et se méfie de tout et de tout le monde. On est dans un de ces livres ou les gens ont acceptés l’inadmissible, peu à peu ou brutalement, cette censure extrême brime la société et devient inévitablement le foyer de rébellion.
Le décor de l’histoire nous rappelle le XVII et XVIIIème siècle, une époque particulièrement intéressante, et surtout, qui s’éloigne des dystopies qui imagine un futur apocalyptique entre régression du quotidien de la population d’un côté et développement de nouvelle technologie réservée à un petit cercle de privilégié. L’histoire elle se révèle plutôt classique avec des foyers de rébellions qui émergent, une jeune femme défiant l’autorité, un jeune homme antipathique qui ne cesse de lui mettre des bâtons dans les roues. Enfin, c’est ce que vous croyez car l’auteur à vraiment plus d’une machination dans son sac et nous réserve une histoire au retournement de situation invraisemblable.
Si parfois je déprécie les histoires ou l’on nous vend de la magie, de la pure fantasy et pour au final être déçu. L’auteure a elle, décidé de ne pas nous montrer tout de suite la magie de son monde, si bien que lorsqu’elle s’impose à nous, la surprise est totale. Peu à peu, les reliques magiques, les légendes deviennent vraies mais sans en faire trop, sans dénaturer l’histoire et l’ambiance déjà mis en place.
Tout est bien ficeler, tout est bien construit, chaque nom, chaque personne va avoir son importance, alors gardez les yeux bien ouverts pour ne pas en louper une miette.
Notre histoire pour toile de fond
Si l’auteur a sur nous faire voyager (vous verrez pourquoi), on retrouve des traces de notre passé qui ont inspiré sa plume.
Les princes maudits, nous rappellent sans équivoque une période trouble de notre histoire, la Révolution française. Ou des personnes, toutes classes sociales confondues, se sont soulevées contre un régime d’oppresseur. Les revendications sont différentes, mais l’esprit y est, même si je trouve les princes maudits moins barbares et revanchards que les révolutionnaires français. Leur but est principalement de dénoncer les malversations du régime, mais ce dernier est tellement répressif, qu’il est difficile pour eux de rallier la population à leur cause. Ils vont avoir une part intéressante dans l’histoire d’Eleonor, j’aurais pensé qu’il aurait une place plus centrale dans l’histoire, mais l’auteure à presque créer une histoire parallèle avec ces hors la lois, et au final je trouve qu’elle a bien relier leur histoire, leurs objectifs et ceux d’Eleonor. Ils ont un côté Robin des Bois également et j’ai apprécié ce clin d’œil :p.
La censure a existé à plusieurs moments de notre histoire, l’Eglise Romaine a bien entendu été autant mécène que bourreau dans ce domaine, le IIIème Reich également, mais notre époque contemporaine n’est pas en reste également… Laure Dargelos a su aborder un thème particulièrement difficile et qui selon moi reste d’actualité, elle montre bien les dérives extrêmes que peuvent avoir ce genre de décision qui commencent par de petites choses et ont rapidement des conséquences dramatiques.
Mais il y a également d’autres éléments, pour n’en citer que quelques-uns : les journaux clandestins, qui ont toujours exister dans nos sociétés pour dénoncer les régimes en place, et la Cour des Fous, qui me fait beaucoup penser à la Cour des Miracles de Victor Hugo, célèbre lieu du Paris de l’ombre. Sans oublier les guerres et conflits géopolitiques, comment ils se construisent, s’enveniment. L’utilisation qu’en fait l’auteur est tous les éléments qui découle autours du conflit opposant Orme à ces ennemis est très ingénieux et surprenant.
Eleonor et Elias
Si dans ce genre d’histoire l’on suit souvent des jeunes personnes victimes du système, Eléonore, elle, apparaît comme une privilégiée, si sa famille accepte ces lois, elle éprouve de plus en plus de difficultés à accepter cette vie. Elle est très impulsive et prévisible dans son comportement, au point de se mettre souvent en danger. Elle tient souvent tête à Elias ce qu’il n’a pas pour habitude de vivre.
Si la plupart des personnages sont bien construit et intéressant, ils sont transparent dans leur attitude, et donc un peu prévisible. Elias d’Aubrey est selon moi le personnage le plus intéressant, le plus travaillé par l’auteure. Et oui voilà mon seul point noir, pour rajouter plus d’ambiguïté au récit, ou dans le déroulement des événements il aurait été intéressant de travailler d’autres personnages comme Elias.
C'est un jeune homme mystérieux, difficile à cerner tant chaque page nous offre une vision différente de sa personnalité, ses objectifs. On n’arrive pas à cerner ses ambitions, sa nature. Pendant tout le récit, on doute et lorsque l’on pense avoir compris qui il est… Kaboum !! Et bien on se prend une de ces claques ! Si l’histoire tourne beaucoup autours d’Eleonor, car elle est la clef de cette histoire, lui au contraire est la clef de voûte de ce récit, et je vous laisse le lire pour comprendre pourquoi.
J’ai sincèrement été bluffé par la qualité d’écriture de Laure Dargelos, et en disant cela je ne parle pas que de son style, mais surtout, de la qualité de l’histoire qu’elle a construite. Tout y est le suspens, les retournements de situation, la romance (pas fleur bleue ou trop prévisible), la magie, les mystères, l’action, la magie. Elle a su créer autours d’un univers classique, une histoire terriblement passionnante. J’ai mis du temps à lire ce livre, pas parce qu’il n’était pas bien, mais parce que j’avais un emploi du temps chargé, cela n’aurait pas été le cas… Deux jours auraient suffi tellement j’ai adoré cette histoire, un 10/10 pour ce nouveau coups de coeur!
Petit lien si vous voulez suivre et/ou découvrir l'auteur :
https://lauredargelos.wixsite.com/lauredargelos
https://mamzellenuage.blogspot.com/
La voleuse des toits, autoédition, Laure Dargelos, 2019