Tara est une jeune femme ambitieuse, à la carrière professionnelle épanouie et accomplie.
Sa vie privée est plus chaotique, le seul membre de sa famille qu’elle côtoyait était son grand père qui vient tout juste de décéder.
Si la mort de son grand père change peu de choses dans son existence, une chute de cheval va quant à elle être décisive pour son avenir.
Son corps plongé dans le coma, et son esprit dans le corps d’un chat.
Un jour sa mère avait raconté une histoire farfelue ou elle avait vécu dans le corps d’un chat, alors un choix s’est imposé à elle vivre 15 ans en tant que chat et heureuse ou une vie humaine dont le bonheur est incertain.
Je remercie l'auteure et les éditions Alter Real pour ce partenariat, qui m'a fait découvrir pleins de belles choses, d'autres que j'ai moins appréciées. Mais toutes m'ont fait découvrir et lire des choses dont j'avais peu l'habitudes, et juste pour cela j'ai adoré ce partenariat!
Tara aux multiples visages
Tara bien que sûr d’elle, en apparence, est une femme terriblement isolée avec peu de relation. Sur de la qualité de la vie qu’elle mène, elle ne se rendra compte, qu’une fois en chat, que la vie a d’autre intérêt. Rapidement, l’on comprend qu’elle a vécu un vrai drame familial, et que cette enfance difficile, la mort de sa mère et la situation particulière de son père n’ont fait que renforcer son isolement. Ce qui m’a frappé avec ce personnage c’est un moment bien particulier, ou elle a beau se dévisager dans le miroir, elle est incapable de se reconnaître, car elle ne sait pas qui elle est vraiment.
Puis nous découvrons Tara version chat ! Autant vous dire que les premières lignes sont assez drôles. Surtout quand elle développe des réflexes la plupart du temps inconsciemment. J’aime beaucoup son étonnement quand elle se rend compte qu’elle fait sa toilette ou qu’elle a été capable d’atteindre une certaine hauteur. Un seul regret, que l’auteur n’est pas pris quelques lignes humoristiques pour raconter la première fois que Tara a mangé de la nourriture pour chat, ou est allé faire ces besoins. Saurait été un moment terriblement drôle mais qui, il est probable, n’aurait pas tout à fait cadré avec l’ambiance du roman qui amène son personnage à l’introspection et la découverte de soi.
Elle redécouvre la vie en tant que chat, ses joies, ses peines, la confiance en l’autre, l’amour pour les autres. Si bien que peu à peu elle va se dissocier de celle qu’elle était avant et dire ‘’Tara pensait ceci, Tara faisait cela’’. Elle s’attache profondément à ce petit garçon et son père, et apprécie sa vie auprès d’eux, ce qui lui apporte et ce qu’elle leur apporte. Si bien qu’elle va devoir faire un choix, rester un chat ou redevenir humaine, dans l’espoir, dans un cas ou l’autre de vivre auprès d’eux.
Emotion et voyage dans le temps aux rendez-vous
La plume de l’auteure est pleine de sensibilité, elle nous fait ressentir beaucoup d’émotion avec une simplicité déconcertante. Les références actuelles à propos de film ou série, nous ancre un peu plus dans l’histoire de cette jeune femme. Tout comme ce côté écorché dans la narration qui nous montre les différentes facettes de l’être humain. Notamment notre côté sombre, même si on n’y succombe pas, mais parfois, parfois on voudrait bien crier et dire, tu m’emmerdes ! Elle met aussi en avant les failles de l’être humain, visible ou non qui font de nous des êtres fragiles, et c’est la leçon que va apprendre Tara sur elle et sa famille.
Curieusement, le chat, considéré à tort comme associable, est l’enveloppe qui va lui permettre de recréer du lien, surtout avec un jeune garçon avec qui elle vit. Elle est bouleversée par cette affection sans limite, elle redécouvre comment observer le monde, profiter de moments anodins. Elle va autant apprendre des autres que d’elle-même.
Mais les choses ne se passent pas comme prévue, elle redevient humaine, certes, mais ne retrouve pas ces deux personnes qu’elle aimait tant. On retrouve donc Tara humaine, version 3, qui n’est plus une business woman, plus un chat affectueux, mais une femme qui veut prendre soin d’elle, vivre à l’écart, au repos, loin de cette vie parisienne. Un nouveau départ qui va l’emmener sur un autre continent.
Ce qui va être déterminant dans l’introspection du personnage, de ces émotions et sentiments, c’est un nouveau pouvoir. Il va lui permettre de voyager dans le temps, et d’observer ces parents. Elle va se rendre compte que leur vie à trois étaient loin d’être idyllique, sa mère avait des aspects de sa personnalité qu’elle ne connaissait pas, et reconnaissait pas, et qui peuvent expliquer beaucoup de chose sur son passé. Son père, lui, était loin d’être un ange, et avait un comportement proche de la torture psychologique.
Je ne m’attendais pas à cette histoire, à rencontrer 3 Tara. Trois personnages, qui au final ont appris de leur quotidien, de leur passé, penser leur blessure, pardonner, aimé. C’est un récit avec lequel on apprend beaucoup, mais qui est autant doux et beaux qu’il peut être dur et cruel en nous montrant les faces sombres de certains personnages. Ce récit n’est pas plein d’aventure, d’action, ce que j’adore par-dessus tout. Mais c’est un concentré d’émotion, on se met également à réfléchir sur notre vie, nos aspirations, notre rapport aux autres, sans que la démarche soit difficile, mais plutôt libératrice, un excellent 9/10 pour cette riche découverte.
La dernière lettre, Alter Real, Hélène Vasquez, 2019