Elena et ses compagnons ont remporté une victoire significative sur le Seigneur Noir en reprenant la cité perdue de Val’loa, mais ils ne s’en sont pas sortis indemne, Elena a vieilli de 4-5 années, Joach sombre de plus en plus dans l’utilisation de la magie noire, Kral est un malegarde, Mycelle est en sursis, et la lumière du cœur du peuple de Tol’chuck faiblit.
Cette bataille à peine remportée, les peuples doivent s’unir et l’ombre du seigneur noir plane toujours au-dessus d’eux…
Alors qu’Elena s’apprête à consulter le Journal Sanglant pour la première fois, les portails d’Ebène du Weir sont disséminés en Alaséa…
Des ruines de Tular, au Lac de Thor Amon, jusqu’au fin fond du Gulgotha, nos héros partent dans de dangereuses expéditions, dans des contrées inconnues et sinistrées, pour détruire ces portails et contre les plans de l’Innomable.
Trahison, division, et les secrets sont révélés
Bien que commençant par la traditionnelle mise en garde contre le récit qui ne l’oubliez pas, ne dit pas la vérité et vous perverti l’esprit. Cette fois la notion de trahison est présente, ce que l’on pressentait dans le roman précédent va arriver, Elena va être trahie par les siens, mais qui ? Le narrateur quant à lui, le fou de Kel, à des difficultés à continuer l’histoire, il redoute certains passages. En même temps on s'interroge de plus en plus sur son identité et pourquoi Elena l’a maudit ?
Avec la découverte du Journal Sanglant, on en apprend également plus sur les pouvoirs d’Elena, qui sont le reflet opposé de la magie chirique, le Chi et le Cho. Deux entités imprégnées de magie pure. Cho, qui a conféré une partie de ses pouvoirs à Elena est assez inaccessible, irrationnelle, difficile à comprendre, une seule chose l’intéresse, sauver Chi qui est emprisonnée dans les 4 portails. Les érudit de Val’loa mettent également Elena en garde contre la dangerosité de ces portails, qu’il faut détruire avant d’attaquer Noircastel. C’est ainsi que trois expéditions se forment, Elena, Er’ril, Tol’chuk et les nains vont vers le Gulgotha pour détruire le premier portail du Weir. Joach, Richald, Sywen, Kast et Kesla vont vers le mur sud pour détruire la statue du Basilic. Et enfin Méric par rejoindre Nee’lahn, Mogweed, Fardale, Kral, Mycelle et Tyrus dans le Nord pour détruire le troisième portail et sauver le territoire, les contrées du couchant.
C’est un peu compliqué parfois de suivre tous ces groupes, toutes ces aventures individuellement. Surtout que dans ce tome nous en savons de plus en plus de révélation sur l’histoire de certains personnages, certains lieux, où sur l’avènement du seigneur noir. Vous croyez tout savoir, et bien non ! Ce tome nous réserve encore de belles surprises. Tout se rejoint petit à petit et forme une trame complexe, et incroyablement brillante. La mythologie de chaque peuple est assez travaillée, suffisamment en tout cas pour développer une intrigue aussi riche.
L’univers de Clemens s’étoffe, s’assombrie, malgré une légère lenteur dans le récit
Ce quatrième tome est toujours aussi bien construit et passionnant. Mais on a une impression de lenteur dans le récit, surtout en comparaison des trois premiers tomes. Mais ce quatrième récit accentue la trame du récit non pas sur le suspens, les combats, mais amorce la fin d’une histoire en nous révélant de plus en plus d’éléments pour résoudre cette épopée et achever l’histoire, la prophétie de la sor’cière de Nidiver. et mettre en avant les relations entre les personnages : Joach et Kesla, Er’ril et Elena, etc… Il y a plein de choses nouvelles que l’on doit comprendre, découvrir de nouveaux peuples et territoires, alors forcément il y a moins d’action. Gros point noir par contre pour les hommes, des délégations humaines sont venues à Val’loa pour mener l’assaut contre le Seigneur Noir, certains reste auprès d’elle, mais où sont-ils pendant toutes ces batailles ???
On découvre alors des nouvelles contrées, des nouveaux ennemis, de nouveaux alliés dans le désert et les ruines de Thular, ainsi qu’au Château de Mryl, et dans le somptueux château des ancêtres de Kral sur le lac de Thor Amon. Personnellement je préfère les moments où l’on suit Mycelle, Méric, etc… On y découvre enfin la terrible et triste histoire des Ni’phaïs, les monstres de ces contrées, les Sinistreurs, sont effrayants, ils me font penser aux détraqueurs dans Harry Potter, même si leur pouvoir sont très différent, ils créent la même ambiance de destruction et de malaise. Les pouvoirs du Seigneur de Mryll se révèlent et Kral nous impressionnera par sa force mentale. La partie du désert n’est pas folichonne, excepté pour l’approfondissement des pouvoirs élémentaux de Joach.
Une grande évolution des personnages
Le manque d’action, on l’a vu plus haut, est là pour nous permettre de développer notre compréhension des personnages, et surtout qui va trahir le groupe, car certains personnages sont beaucoup trop entre le bien et le mal. Mais si tout n’est pas manichéen dans ce récit, et que tous les héros ont fait des choses bonnes ou mauvaises, mais le tout est de savoir de quel côté de la frontière va-t-on rester.
Elena est loin maintenant de la jeune fille qu’elle était, toutes ces aventures, ces combats ainsi que la perte de quelques années de sa vie qui l’ont fait vieillir prématurément, elle est à présent une jeune femme. Une sorc’ière, une princesse el’phique. Beaucoup de responsabilité pour ses jeunes épaules, malgré tout elle se montre autoritaire, sage, réfléchie. Elle a conscience de sa mission, de l’intensité de ses pouvoirs, et fait tout pour ne pas y succomber. Contrairement à son frère Joach, qui fait preuve de beaucoup moins de force de caractère. Et puis sa relation avec Er’ril s’assume et s’épanouie enfin pour mon plus grand plaisir.
Ce quatrième tome se penche un peu plus sur Joach, le développement de ses pouvoirs et surtout ses premiers amours. Le moment est charnière dans sa vie à la fois pour les raisons citées au-dessus, et en même temps parceque Joach est entre deux feux, le bien et le mal.
Kral à présent est un malegarde du nom de Légion, c’est lui qui a été corrompu par le nain à Ruissombre. Malgré sa personnalité sombre, avide de pouvoir, excité par le sang et le meurtre, c’est la première fois que l’on suit un malegarde qui désobéit au Cœur Noir, car en rejoignant Mycelle dans son expédition, il contredit les ordres du Cœur noir qui souhait qu’il retrouve Elena pour la tuer. C’est comme si un peu du Kral d’avant subsistait et se battait dans l’ombre.
Nous retrouvons des nouveaux personnages avec plaisir Nee’lahnn, dont le corps seulement avait péri, mais pas son esprit, ce qui lui a permis de lentement se recréer un nouveau corps. Un nouveau personnage fait son apparition, Kesla, elle fait partie de la guilde des voleurs, et est venue à Val’loa chercher une source de magie pour sauver son peuple des griffes d’un basilic. Ce tome la représente en couverture. Elle va être très importante dans le récit, plus qu’on ne le pense et va déterminer l’avenir et les choix futurs de Joach. Petit hommage à Tolkien, je ne sais pas, avec le personnage de Greegrell (qui m’a fait penser à Golum) une créature étrange, parlant bizarrement, fourbe, voleuse, mais honnête quand il faut, qui va les guider, suite à un marché fait avec Elena pour l’acquisition d’un objet brillant, vers la montagne d’où est apparu le Parjure.
Moins de combat, moins de traque haletante ou d’affreux démons. Ce tome 4 prend un autre tournant, celui des trahisons, des révélations, des alliances nouvelles, du développement des relations amoureuses entre les personnages… Mais la sage est toujours aussi passionnante, intéressante et j’ai hâte de voir l’épisode final de cette saga, un petit 9/10 pour le manque de rythme et d’action par rapport aux trois tomes précédents.
Le Portail de la Sor’cière, Les Bannis et les Proscrits, tome 4, James Clemens, 2011, édition Milady/ Bragelonne