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  • Elline

3 Nouvelles fantastiques, entre réflexion sur notre société, horreur et surnaturel


J’ai toujours des réticences à lire des nouvelles. Mais celles-ci étaient intrigantes, et étrangement liées, alors pourquoi ne pas faire ce voyage. Tout d'abord "La rue du chat qui danse", une rue étrange à Saint Malo ou la lumière grésille et parfois, un chat apparaît, mais le voir n'apporte rien de bon, et Didier en sait quelque chose. Puis "Circus" dans un monde particulier, peu de temps après une catastrophe les personnes restant dans les campagnes survivent avec difficulté. Seul la récolte annuel leur permet de substituer, mais la récolte de cette année va être extrêmement périlleuse. Et pour finir "Des astres au chômage", ou comment aborder avec humour la crise du chômage, les difficultés sociales, les méandres de l'administration, les remises en question permanente des dieux.

La rue du chat qui danse, Jean-Claude Renault, Alter Real, 2019

L’auteur a un style incroyablement poétique, qui nous fait doucement rêver, ça a été un style que j’ai eu plaisir à dévoré !

Nous suivons un homme seul, profondément triste, qui arpente les rues de la ville. Mais une en particulier retient son attention, celle ou une nuit, sa femme a soudainement disparu. Chaque soir il dépose une rose, elle disparaît presque aussitôt. Il ne sait pas où elle est, mais est sur qu’elle est en vie, quelque part. Et quand un soir il voit un jeune couple aussi amoureux qu’eux arpenter cette mystérieuse rue, il prie pour que le chat n’apparaisse pas et éloigne ces amoureux. L’ambiance est emprunte de nostalgie, d’une certaine angoisse et également d’une question, qui a disparu ? l’homme ou la femme ? Tout reste très mystérieux, même à la fin de cette histoire, pourquoi cette rue sépare les amants ?

Le chat, on ne sait pas exactement qui il est, un messager qui préviens du danger, un piège qui sépare, cette nouvelle soulève énormément de questions, auxquelles nous n’avons pas toutes les réponses, mais cette aura de mystère, de perte de repère, correspond à l’ambiance instauré par l’auteur dès le début.

Moi qui ai adoré mon voyage à Saint-Malo j’ai adoré replonger dans ces rues d’un autre temps, le temps d’une lecture, mais après cette nouvelle, j’aurais une petite appréhension en passant dans cette étrange rue.

Circus, Myrtille Bastard, Alter Real, 2019

Circus

L’univers est définitivement très sombre et apocalyptique dans cette nouvelle. Les hommes ont une prédilection pour les bizarreries dans cette histoire, et il vaut mieux avoir un enfant à deux têtes, plutôt qu’un parfaitement constitué. Car dans ces terres de désolation, les enfants avec des particularités sont des monnaies d’échanges pour accéder à de l’argent, la nourriture, voir des médicaments.

Le récit à la première personne nous fait suivre un groupe de caravanier et leur chef, chargé de « récolter » (c’est le terme employé dans l’histoire) des enfants qui pourraient régaler les citadins dans un espèce de cirque ou zoo humain. Au départ, lorsqu’on lit le mot récolte, on ne comprend pas tout de suite ce qu’il se passe, petit à petit l’horreur est mise à nue. Et je n’ai pu m’empêcher de voir là-dedans une représentation, dans la fiction, des « Freak Show » ou des Zoo humains (qui ont existé jusque dans les années 20-30 si ma mémoire ne me fait pas défaut. Il y a un côté dérangeant psychologiquement, car ces enfants sont réduits à l’état de marchandise, ont des particularités qui peuvent leurs causer des soucis de santé, d’adaptation. Et pourtant dans le récit, un enfant malformé est béni, il apporte richesse à ces parents, fortune à son « cirque » et il vivra une vie bien plus confortable que ses parents.

Mais cette fois les commanditaires sont exigeants, un enfant c’est bien, mais ce n’est plus une grande nouveauté, ils veulent plus, ils veulent une bête, un mutant, une créature dangereuse, intelligente, et presque impossible à piéger.

C’est sans doute cette ambiance palpitante et dérangeante qui domine dans cette histoire, et l’impression terrible, que même sous une forme différente, des choses comme celle-ci ont eu lieu dans notre monde. Et que malheureusement certains, par nécessité, ne se sentait pas la liberté de refuser, ce que la moralité, le bon sens réprouve.

Des astres au chômage, Raaf Raedwulf, Alter Real, 2019

Des astres au chomage

Cette nouvelle est pour le moins particulièrement déroutante, par plusieurs aspects. Une personne (sans doute un parent), parle à son jeune protégé des déboires du monde des adultes, le travail. Et oui, si les humains sont en crise, les dieux également et certains pointent au chômage et ne sont plus guère inspirant pour les humains de moins en moins croyant.

J’ai plutôt pris cette nouvelle comme une leçon de vie. Cela nous permet de réaliser que peu importe qui nous sommes, notre parcours, nos ambitions, la précarité se cache n’importe où et le chômage ne fait pas de distinction.

De plus l’auteur met en avant, avec humour, le décalage (toujours d’actualité – j’en ai fait l’expérience durant 3 années) entre le monde du travail, les aspirations des chômeurs et les institutions ayant pour rôle d’accompagner le retour à l’emploi. On retrouve les traditionnels phrases bateaux des conseillers, cette déconnexion permanente avec la réalité, ce sentiment de mal-être permanent de ne pas trouver sa place. Le tout avec pour personnages principaux des divinités de toutes horizon ! Mais je dois vous avouer que les dieux anciens d’Egypte et de Grèce on fort à faire pour retrouver un emploi.

C’est une nouvelle assez drôle, qui en même temps pointe avec brio une réalité, un quotidien pour encore de trop nombreuses personnes.

Voilà, j'espère que la découverte de ces nouvelles vous a fait plaisir! J'aime finalement bien ces lectures rapides de temps en temps, on découvre une histoire pendant quelques minutes, on rêve, on rigole, et je suis toujours impressionnée par la justesse des auteurs qui avec si peu font beaucoup!

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