Jacob est un petit garçon curieux, aventurier, des rêves pleins les yeux et il a un héros, son grand père.
Mais régulièrement, ses proches, la raison, son éducation, vont peu à peu le faire douter des fabuleuses histoires que lui raconte son aïeul.
Une fois adolescent, il écoute avec un œil amusé ces histoires, persuadé que l’horreur de la seconde guerre mondiale lui a fait perdre la tête, mais n’y croit plus, le petit garçon rêveur n’est plus.
Mais un soir ou il se rendait chez son grand-père, ce dernier n’est pas dans la maison, l’ambiance se fait pesante et lourde…Il aperçoit une étrange créature dans les bois, comme celles qui hantaient les histoires de son grand père…
Et s’il avait raison ? Et si les enfants particuliers existent ?
Un travail soigné
L’auteur a choisi une narration à la première personne, mais avec un style d’écriture agréable, rythmé, avec une bonne maîtrise de l’action, du suspens, des émotions du personnage, qui fait que l’on s’attache rapidement à Jacob, on s’interroge sur ce qu’il vit… Bref on est happé dans l’histoire. J’ai particulièrement apprécié deux démarches, tout d’abord celle de l’auteur qui a relié son histoire à la nôtre, en utilisant de vieilles photographies, qui illustrent son histoire et confère une réalité à ces personnages. Puis, celle de la maison d’édition, avec une typographie, une mise en page du texte qui fonctionne avec l’univers de l’auteur et reste très plaisant à lire.
Les thèmes abordés sont véritablement variés et intéressant pour un jeune public. La quête d’identité, de racine que Jacob entreprend pour découvrir qui est véritablement son grand père. La maladie mentale, les troubles de la réalité, qui vont perturber la vie de Jacob et ses réflexions pendant la bonne première partie de l’histoire. Le deuil également est beaucoup évoqué et à l’origine des thèmes précédents.
Pour ce qui est de l’aspect fantasy de l’histoire, on a les traditionnels méchants qui mette à mal un ordre bien ficelé, des êtres magiques vivants dans l’ombre, une intrigue et un objectif qui se dessine après un bouleversement important.
Un héros qui se cherche
Jacob jeune, un rêveur, un enthousiaste, un curieux de la vie, un grand fan de son papi. Jacob adolescent, est un jeune homme bien loin de son identité de petit garçon, perdu, démissionnaire, peu de choses l’intéresse, en particulier l’entreprise familiale.
Son grand père l’avait averti, mais le jeune homme ne croit plus aux contes de fées, et en même temps ce qu’il s’est passé est très perturbant pour lui. Et pendant une bonne partie de l’histoire, Jacob doute de lui et de la limite entre vision et réalité. Cette première partie du récit se concentre sur Jacob, ses sentiments, son trouble psychologique. Car la mort de son grand père est un véritable choc, de plus cela lui fait remettre en question les histoires de son grand père et surtout son état de santé mental. Et sincèrement, l’on se met aussi à douter, est-il fou, l’histoire du grand père est-elle vraie ? L’auteur mène véritablement bien le suspense sur ces aspects psychologiques.
Le psychiatre, contrairement à son ami ou ses parents, s’avère être un vrai guide pour Jacob, loin de nier ce qu’il a vu ou ce qu’il ressent, il insiste à creuser et découvrir ce que voulait son grand père, ce qu’il cachait. C’est avec cet élan, et la découverte d’un livre qu’il lui a légué, que Jacob décide de partir en Irlande à la recherche de l’orphelinat ou son grand père à vécut.
Un monde riche, entre rêve et folie
Jacob va découvrir les enfants particuliers, des êtres qui naissent, partout dans le monde avec un don, une forçe surhumaine, manipulation du temps, métamorphose, télékinésie… Il existe autant de dons que les enfants sont différents. La relation avec la magie est comme dans beaucoup d’histoire, cachée aux yeux de tous, pour leur protection, Jacob va d’ailleurs avoir beaucoup de mal à les trouver. L’auteur relie les dons des enfants aux cirques et au Freak Show, une manière pour eux de vivre au grand jour sans éveiller les soupçons. J’adore cette façon d’intégrer dans notre monde des choses aussi merveilleuses et étranges.
Tout le long de cette première partie, l’hésitation de Jacob sur les limites entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas est mince, mais floue. Et une fois sur l’île, l’énigme n’est pas si aisée à résoudre. Si cette première partie est très orientée mal être psychologique, frontière réel et irréel et recherche d’information sur son passé. La deuxième apporte une tout autre dimension à l’histoire.
Par contre la seconde partie apporte clairement la dimension fantastique du récit, et de manière plutôt originale. J’ai aimé plusieurs concepts de cette histoire, les boucles temporelles, les dons et leurs manifestations mais aussi les limites de leurs dons. Des sur-hommes ce n’est pas très réaliste, il faut des faiblesses, des complexités. C’est ce qui fait que cela s’intègre parfaitement à l’histoire. Les sépulcreux et les estres sont sans doute l’aspect le plus fantasy de l’histoire. Ces méchants malmènent les particuliers et parfois les humains, je ne vous dirais pas qui ils sont (ça gâcherait la surprise), mais la construction de ses êtres, leurs desseins, leur implication dans l’histoire apporte l’intrigue, la peur et un nouvel objectif à notre héros.
J’ai été littéralement happé par cette histoire, un peu comme Harry Potter, Jacob ne pense pas avoir quelque chose d’extraordinaire, ou que le monde a une part de magie cachée. Je suis conquise, et je vous avouerais que j’attends impatiemment la lecture des tomes suivants !! Le travail est impeccable, dans le style, l’intrigue, l’incorporation de la fantasy, mais aussi la mise en page et les photographies, un sublime 10/10 pour ce coups de cœur.
Miss Pérégrine et les enfants particuliers, tome 1, Ransom Riggs, 2011, Bayard Jeunesse