Menel Ara n’a jamais été une ville sereine, mais cette fois une tempête couve.
Les Révolutionnaires martyrs se font de plus en plus oppressants sur la population de la ville haute. Un gros attentat se prépare…
La tension, la peur règne à présent dans les rues de ville. Les grandes familles sont fébriles, leur pouvoir vacillant, Youri Komniev pêne à asseoir sa position et Victor le sait, c’est le moment pour contre-attaquer.
Gaël Dubuisson lui poursuit son entraînement intensif chez les martyrs, bien heureux d’avoir retrouvé David, il reste néanmoins encore hésitant sur son avenir et ses choix.
Maria c’est infiltré dans la secte des Putras, elle en est persuadée, cette secte n’est pas uniquement bienfaitrice et cache un lourd secret. Ils ont tout laissé derrière eux, mais à quel prix ?
Pendant ce temps, Moussa, un ami de Gaël, David et Maria, ne s’implique nullement dans ces changements. Il est le témoin privilégié et silencieux des bouleversements en cours et à venir.
Un résumé énigmatique nous accueil pour ce nouveau partenariat avec la maison d’édition angevine Inceptio. Je suis contente qu’ils m’aient fait confiance pour la lecture et chronique d’un nouveau tome de la saga Menel Ara. Ce tome 2 clôture l’histoire de Gaël et ses amis et la chute de Menel Ara.
Pour avoir un résumé du tome I je vous invite à aller voir mon précédent article, allez n’hésitez pas à être curieux : https://souslaplumedelline.wixsite.com/blog-elline/single-post/2019/08/31/Menel-Ara-tome-1
Si dans le premier tome, on ne s’avait pas toujours ou voulait en venir l’auteur, qu’elles intriguent se développait. Tout est plus clair dans ce second récit. Les intrigues et intentions des personnages se font plus claires. Parallèlement, l’action s’intensifie, le récit est rythmé et intense.
Une fin douce-amère
La fin de Menel Ara est typiquement une fin « douce-amère », si la société de Menel Ara va connaître un renouveau et moins d’inégalité. Le prix à payer pour cette nouvelle vie est incroyablement élevé, tous les personnages sans exceptions payent cher cette liberté et cette nouvelle vie. Vous avez remarqué, je pense dans votre entourage, des gens qui veulent la Révolution, l’idéalise en la mettant au centre de toute leur réflexion politique comme la solution miracle aux problèmes de notre société. Je ne partage pas cette idée, je ne suis pas une fan de notre célèbre « Révolution française ».
J’aime la liberté, j’aime notre démocratie, mais je n’aime pas celles et ceux qui occultent les sacrifices, les impacts négatifs importants, les destructions de vie et de biens qui découlent de ces événements.
L’auteur pour cette raison à tout mon respect, il a compris que la Révolution, avant de nous apporter liberté, déterminisme, une nouvelle vie plus juste, brise également un bon nombre de vies. 4 points de vue sont utilisés pour mener à bien son raisonnement : la religion, les politiciens, les rebelles, les citoyens lambdas.
Ce qui fait que le récit est très riche en montrant différents points de vue et objectifs des personnages. La secte des Putras souhaite trouver son messie et se venger de Youri Komniev qui se fait trop menaçant. Ce dernier, représentant des grandes familles, souhaite maintenir la suprématie de la ville haute sur la ville basse. F. , le rebel du groupe les martyrs, veut renverser l’ordre établi pour une société plus juste. Victor Dubuissson est bien décidé à gravir les échelons de la société.
Tous sans exception, même ceux qui nous semblent avoir les meilleures intentions, vont finir par avoir recours aux meurtres, aux manipulations, à la violence, aux menaces pour arriver à leur fin… Est-ce une façon de changer le monde ??
Des personnages jamais centraux, mais très souvent surprenants
C’est la leçon que nous allons apprendre avec le jeune Gaël Dubuisson, si dans un premier temps la vengeance guide ces pas, peu à peu ces intentions vont être plus nobles. Mais pour atteindre son but et sauver cette ville, lui aussi va prendre d’atroce décision. L’utilisation que l’auteur fait de son personnage dans ce deuxième tome est tout à fait étonnante, puisque pendant près de la moitié du livre, il disparaît… C’est tout aussi osé que déconcertant. Son parcours va vous surprendre, ces décisions vous choquer, mais il a réussi à lui seul à berner tout le monde et donner une nouvelle chance à cette ville qui lui à tout prix.
Si j’ai parfois été déçu par certains personnages comme Yuri Komniev ou Suryena, beaucoup trop prévisible à mon goût, pas assez subtil. Victor, F. et Gaël Dubuisson ont été beaucoup plus intéressant. Mais le vrai coup de force, c’est avec Maria et Catherine Sault, un personnage qui nous paraissait jusqu’alors purement anecdotique, un personnage de fond. Et, au final c’est comme si le personnage souhaitait de lui-même montrer sa valeur, prouver son intérêt. Maria quant à elle, va être la démonstration, malgré elle, de la pression des agents doubles, infiltrés. Le corps en état de stress permanent, la paranoïa ambiante et parfois la perte d’identité, d’encrage, son expérience est violente.
C’est un récit particulier où l’on ne s’attache pas particulièrement à un personnage, l’on suit plusieurs parcours de vie, plusieurs histoires. Certain meurt, certain disparaisse, certain nous déçoive, d’autre nous surprenne. Je pensais que l’absence de figure véritablement centrale pourrait porter préjudice à notre lecture, mais on reste réellement captivé par ces récits, petites pièces du puzzle de Menel Ara.
Un roman définitivement plus sombre, violent : intrigues, complots, malversations, retournement de situation, révélations de secrets aussi inattendu que dérangeant. Ce tome reste dans la lignée du premier en consolidant et amenant jusqu’à leur paroxysme, les différents thèmes développés dans le premier (secrets de sectes « bienpensante », complots politiques, idées révolutionnaires à la morale bancale….). Nos personnages sont les victimes autant les auteurs que les victimes de ces bouleversements. On en ressort triste et soulagé, un excellent 8.5/10 pour cette fin douce amère.
Menel Ara, tome II, Vincent Dioniso, Inceptio édition, 2019